Vie en Grèce

Vie en Grèce

08-10-2014 : Vote de confiance.

Quel avenir pour le Blog ?

 Après une coupure estivale, le blog reprend.

 Je dois avouer ma satisfaction de constater qu'il a à ce jour il a atteint les 20143 visites !

 Merci aux différents lecteurs, les grecs sont heureux qu'on s'intéresse à leur situation et vous remercient car si la Grèce n'est plus à la mode dans les médias européens, ils n'en continuent pas moins à souffrir.

 Arrivé à ce stade, en contrepartie de ce succès, l'espace alloué à ce blog par son hébergeur se réduit de plus en plus et il va donc falloir sous peu envisager une reconversion. Sous quelle forme ? Je l'ignore encore.

 

Quoi de nouveau ici en Grèce après la coupure de l'été ?

 

Au premier abord il apparaît que comme en France l'état a atteint son summum de déliquescence et est complétement discrédité. Réaction de nombreux grecs : « nous n'avons plus d'état à notre service ». L'état, que les grecs ont toujours détesté et qui ne leur a rarement paru porteur d'espoir, contrairement à la France, est devenu plus que jamais l'ennemi numéro 1 du citoyen.

 Le gouvernement actuel est plus que jamais discrédité et les scandales qui n'ont jamais arrêté mais plutôt scandé le quotidien n'ont pas pris de vacances (comme en France). Mais paradoxalement et contrairement à la France, les sondages indiquent que le premier ministre ,Antonis Samaras, jouit d'une popularité contraire à l'entendement puisque c'est lui qui organise les plus mauvais coups.

 A la question « qui est le mieux placé pour sauver la Grèce entre Tsipras et Samaras ? » c'est Samaras qui arrive en tête (35,7% contre 31,9%).

 Sachant que le gouvernement est totalement décrié, quelle valeur peut-on attribuer aux sondages et surtout au service de qui sont-ils ?

 

Bien que l'Aube Dorée cumule les ennuis avec la justice, le bras droit de ce même Samaras, Takis Baltakos, a du démissionner. Il a été pris deux fois en flagrant délit de grand copinage avec ce parti nazi (dans des vidéos), donnant même aux députés néo-nazi des directives de votes parlementaire.

 

Takis Baltakos.jpg

 Il y a collusion entre les néo-nazis et la droite au pouvoir.

 

Ce gouvernement avait fermé brusquement pour des raison d'opportunité la chaine nationale de télévision ERT (licenciant ainsi le personnel ce qui correspondait au « volume » exigé par la Troïka et non réalisé à la veille de de sa venue en Grèce) et soit disant pour lutter contre la corruption (une partie du personnel ayant été placé en remerciement d'un vote favorable par un des partis au pouvoir).

 Face à un scandale qui a été décrié par la plus part des pays européens, Samaras a promis la création d'une chaine télévisuelle indépendante appelée NERIT. Sa première émission présentait un film en anglais !

Le vice-président du conseil de surveillance de NERIT Andreas Zoulas a présenté sa démission, quelques jours après la démission d'un autre membre du conseil d'administration, Christos Homenidis.

    Andreas Zoulas.jpeg      Christos  Homenidis.jpeg
     
Andreas Zoulas                           Christos Homenidis.

 

 Cela vient s'ajouter à deux démission proches au cours du mois de septembre, Antonis Makrydimitris et Rodolphos Moronis.

 De quoi se plaignent ? Mais de l'intervention du pouvoir allant jusqu'à réclamer la non retransmission d'interventions de l'opposition.

 

L'évasion fiscale continue impliquant des entreprises allemandes comme Mercedes et Opel. Ces derniers ont fournis des véhicules haut de gamme à des prix leur permettant d'échapper aux taxes de luxes. Elles ont été revendues six fois plus chères générant une fraude d'environ 600 millions d'euro.

 Tout ceci n'a pu se faire sans complicités ni pots de vins en Grèce mais aussi en Europe.

Mercédes.jpg

L'enquête a mis en lumière la complicité du Bureau Européen de lutte contre les fraudes.

 Bravo les structures européennes, elles ne semblent pas être au service de l'intérêt général mais en doutait-on ?


 

Un climat délétère règne en ce moment. L'opposition réclame sans arrêt des élections anticipées, estime que le gouvernement de coalition est au bout du rouleau et cette opinion se propage dans le pays. Se pointe à l'horizon l'élection du Président de la République par le parlement. Et cette fois la majorité exigée doit être large et dépasse celle des 50% (180 sur 300 soit 60%). La majorité actuelle est créditée de 154 voix sur 300. Pour les Présidentielles, il faut donc un accord entre la majorité et les opposants ce qui implique des arrangements et Siriza ne va pas se gêner pour exiger en contrepartie d'un accord pour la Présidence des législatives anticipées. Le gouvernement actuel n'est pas suicidaire mais n'a pas beaucoup d'issues.

 Des conflits d'intérêt surgissent entre les différents composants et leaders de la coalition gouvernementale, des critiques et oppositions fusent en son sein.

Aussi le gouvernement cherche-t-il a gagner du temps pour présenter bonne figure pour d'éventuelles élections.

C'est pourquoi les élections présidentielle ont été fixées à milieu février et le gouvernement veut une période de cinq mois dans lequel il aurait les mains libres.

 Il a donc décidé, pour couper à toute rumeur d'élections anticipées et se redonner une légitimité contestée, de demander à partir du lundi 6 octobre la confiance du parlement. S'il parvient à restaurer la discipline de vote dans son camp, il fera comme a fait M. Valls en France.

 Le vote est prévu pour vendredi 10.

 Au cas ou il l'obtiendrait, il pourrait faire voter le budget 2015 conformément aux désidérata qu'est en train de lui imposer la Troïka actuellement.

 Aussi a-t-il décrété un excédent budgétaire pour 2014 de 2,5 milliards d'euro ! Il y aurait de quoi rire si ce n'était pitoyable ! Quand on connaît l'ampleur de la dette, comment peut-on parler d'excédant sans se foutre de la gueule du monde ?

 C'est le bateau ivre, on ne sait pas trop s'il existe, on ne sait pas ce à quoi il va servir, on avait même annoncé à une époque que c'était une erreur de calcul due à une machine (?).

 On indique cependant qu'il va servir à améliorer le sort des plus pauvres. Mais quand puisqu'on est déjà en fin d'année !

 On annonce des baisses de 30% des taxes sur le fioul à la veille de l'hiver mais on ne voit rien venir.

 On réforme la taxe foncière qui était payée avec la facture EDF (un non-sens) et qui change de nom tout en augmentant (ENFIA). Dorénavant elle est à payer auprès des centres d'impôts.

 La Grèce est revenue sur les marchés bancaires, les banques grecques fusionnent, la note de la Grèce a été relevée ce qui lui permettrait d'emprunter à des taux encore très élevés. Mais le gouvernement prétend que le pays est sorti du marasme grâce à l'effort louable des grecs (il oublie de dire que tous n'y ont pas participé et particulièrement les plus aisés) et qu'il n'est plus question de solliciter de prêts alors que la dette ne fait qu'augmenter.

 

Dans le même temps, la Troïka est présente sur le territoire pour faire les comptes de la Grèce. Il faut la rassurer.

 Aussi le budget 2015 est bien verrouillé par la Troïka et l'excédent budgétaire est estimé à 3% du PIB.

 Lors de la rencontre Gouvernement-Troïka, cette dernière s'est plainte du retard de la partie grecque pour la libération des licenciements. Un haut dirigeant du ministère du Travail les a rassuré (il reste encore à licencier 5500 fonctionnaires cette année) et a rajouté : " Nous allons réduire les pensions " a rapporté la presse. Double langage !

 La première présentation de ce budget faite le 7 octobre montre en fait une augmentation des impôts de 1,7 milliards contrairement à ce qui était annoncé.

De nouvelles taxes sont prévues pour les employés. Tout ce qui est offert comme avantages par une entreprise à ses travailleurs sera désormais inclus dans le montant imposable de l'employé. Ça concerne les cadeaux, coupons, bons pour l'achat de biens ou de services, les frais de formation, la participation à des conférences, des séminaires, abonnements à des magazines etc... En même temps il y aura des baisses de soins de santé et de protection sociale, jusqu'à 70% dans certains secteurs.

Déjà les départs à la retraite ne seront pas remplacés. Vous connaissez ce langage ?

 

En attendant qu'elle est la situation réelle de la Grèce. Quelques publications d'études vont nous éclairer.

 La Fondation Bertelsmann a publié un rapport sur la justice sociale en Europe avec six indicateurs.

La Grèce arrive en dernière position dans quatre : l'accès à l'éducation, l'accès au marché du travail, la cohésion sociale et la non-discrimination et l'équité intergénérationnelle

 Ce rapport révéle que la Grèce se classe au dernier rang des 28 membres de l'UE en termes de justice sociale et a exhorté le gouvernement « à faire plus pour concentrer ses efforts non seulement sur le retour à une trajectoire de croissance stable mais aussi sur l'amélioration des possibilités de participation pour une partie plus large de la population ».

 

L' Office parlementaire du Budget grec (DPB) , quant à lui, indique dans un rapport que la Grèce est le seul pays de l'UE à ne pas avoir mis en place un revenu minimum garanti et est parmi les plus léthargique dans l'adoption de programmes de lutte contre l'inégalité sociale et l'aide citoyens vivant dans l'extrême pauvreté et l'exclusion sociale.

 En réaction, le gouvernement annonce ce mois-ci une nouvelle enveloppe de 20 millions € pour un programme pilote de six mois qui va se dérouler dans 13 municipalités offrant enfin un revenu minimum. Il se monte à 200 € par mois pour une personne seule sans aucun revenu, à 400 € pour un couple marié avec deux enfants mineurs sans autres revenus.

Tout le monde n'en bénéficiera pas.

Ces aides maintiendront cependant les bénéficiaires en-dessous du seuil de pauvreté, que le rapport du DPB fixe à € 432 par mois pour une personne seule ou € 908 pour une famille de quatre.

 Actuellement 2,5 millions de citoyens vivent déjà sous le seuil de pauvreté en Grèce et 3,8 millions sont au bord de ce seuil.

 

Dimanche 5 octobre, un quotidien a publié un sondage sur des élections anticipées.

 Selon lui, il donnerait :

 SYRIZA 21,2%

 Nouvelle Démocratie (droite) 17,5%

 Aube Dorée (ext-droite)5,3%

 Potami (centre)4,6%

 PC 4,4%

 PS 3,9

 Indépendants (droite) 2%

 LA.O.S. (ext-droite) 1,1%

 DIMAR (ex-gauche) 0,8%.

 Indécis (16,7%).

 

Score.jpg

Le système électoral grec est assez compliqué. Sauf erreur de ma part il faut avoir 5% et plus pour avoir des députés qui sont au nombre 300.

250 sont à partager entre les premiers et 50 supplémentaires sont attribués à la formation de tête dont le leader est chargé de former un gouvernement dont il devient le premier ministre. Le Président de la République n'a qu'une fonction honorifique.

 Si l'on considère le sondage comme exact, si on néglige les indécis et les éliminés, un petit calcul approximatif donnerait aux trois premières formation 170, 100 et 30 députés.

 Il est bien évident et c'est l'objectif du gouvernement, que ce dernier va modifier le système électoral qui favorise le premier et va supprimer la prime de 50 députés. Rien que dans cette dernière optique (qui est celle de Syriza) la répartition deviendrait 144, 120 et 36.

 Ainsi droite et nazis pourraient gouverner ensemble puisqu'ils auraient à eux deux la majorité absolue.

 Tentant !

 Attendons de voir !

 L'effet des sondages est de familiariser le public avec l'idée que le gouvernement actuel va exploser et que Syriza sera dans le prochain.

 Que fera-t-il par contre ? Il ne pourra pas compter sur la banque de Grèce qui est tenue par Stournaras, ancien ministre des finances ni sur la Troïka contrairement à sa future opposition.

 

 

 

 

 



08/10/2014
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