Vie en Grèce

Vie en Grèce

12/02/2016 : Drôle de week-end.

Malgré l'interdiction des tracteurs, les agriculteurs ont fait leur entrée ce jour à Athènes d'une façon extrêmement impressionnante comme on peut le voir sur les photos.

Il y a déjà eu de heurts entre les agriculteur de Crête et la police anti-émeute.

Agri-Athènes.jpg Agri-Athènes2.jpg

Le problème des agriculteurs a été extrêmement bien présenté par le site de l'Unité Populaire.

Aussi je me permets de le reproduire tel quel.

 

 « Ainsi:
1) Avant l’application de cette réforme, une entreprise agricole réalisant 18000 euros de bénéfices annuels était contribuable de
Cotisations sociales à hauteur de: 954 euros
Impôt sur le revenu: 2318 euros
Accompte d’impôt de l’année suivante (55%): 1275 euros
Contribution solidaire: 696 euros
Soit au total: 5244 euros
Ce qui correspondait à 29,4 % du revenu d’une entreprise agricole réalisant des bénéfices de 1500 euros mensuels.
Et, en voilà des niches fiscales à supprimer par un gouvernement se disant « de gauche » (!)
2) Après l’application de la nouvelle réforme fiscale, conçue par la Troïka et concrétisée par ses nouveaux zélateurs, du gouvernement SYRIZA-ANEL, cette même entreprise agricole, réalisant des bénéfices mensuels de 1500 euoros (18000 annuels) sera contribuable de:
Cotisations sociales retraite: 3600 euros (20 % du revenu)
Cotisations sociales santé: 1260 euros (7 % du revenu)
Impôt sur le revenu: 4680 euros
(26 % du revenu)
Accompte d’impôt de l’année suivante (100%): 4680 euros
Contribution solidaire: 696 euros
Soit au total: 14916 euros
Ce qui correspondait à 82,9 % du revenu.
En acceptant les rassurances du gouvernement, que les cotisations sociales seraient déduites du revenu imposable, il faudrait calculer les contributions réclamées à hauteur de 12388 euros, soit 68,8 % des bénéfices d’une petite entreprise agricole, de taille typique du mode d’exploitation en Grèce.
En rajoutant à ces contributions la taxe professionnelle, redevable par les habitants de villages à population supérieure à 500 habitants, à hauteur de 650 euros, on arrive à des charges totales d’un montant de 13088 euros, soit 72,4 % du revenu agricole.
Voici donc les chiffres communiqués par les agriculteurs grecs qui défient le gouvernement de les démentir.
On est en droit de s’interroger à qui profite ce pillage fiscal. 
»

 

Les agriculteurs ont demandé aux athéniens de les soutenir. Nous verrons si ça sera le cas. Il faut noter qu'il y a eu des conflits entre différentes factions des agriculteurs qui malgré la puissance de leur mouvement ne sont pas unis. Les Crétois ont été assez violents. La police semble parfois sembler manquer d'enthousiasme. Ils ont laissé passer les agriculteurs dans certains endroits, dans d'autres se sont affrontés avec eux. On a montré des scènes où ils sont mis en déroute et poursuivis par les agriculteurs. Ces derniers, armés de cannes et de manche de pioche attaquent parfois violemment les forces de l'ordre et leurs véhicules. Il y a une odeur de climat de pré-insurection.

 

Flic-paysans.jpg

 

Il est très possible que les athéniens se rajoutent aux agriculteurs, ils ont à leur dires le, gouvernement le plus haïssable de la période post-dictature.

 

En effet, précédemment les grecs payaient les impôts des revenus de l'année précédente. L'an dernier ont leur a rajouté une avance de 20% sur les impôts de l'année en cours ce qui leur a fait une augmentation de charges. Cette année, on leur demande de payer comme il se doit ceux de l'année précédente mais également ceux de l'année en cours en entier le tout en trois ou plusieurs traites (à définir avec le quartet).

Ce qui fait que pour les petits commerces et petites entreprises un quasi doublement des charges. La plus part d'entre eux sont de plus endettés car ils n'ont pas pu faire face depuis 2011 aux augmentations de charges. Aussi ont-ils obtenu la possibilité de se mettre en règle en acceptant un règlement à l'amiable en 100 mensualités c'est-à-dire un endettement sur près de 10 ans. Ces mensualités viennent se rajouter aux nouvelles charges.

Aussi ne faut-il pas être né crétin pour ne pas comprendre qu'on est dans un processus de mise à mort du cœur du pays. Les petits commerces ferment à tour de bras ces derniers temps. Il y a de plus en plus de chômeurs et un désir d'exode chez les jeunes.

 

L'économie grecque est doublement menacée, d'abord avec ces charges ensuite la pierre angulaire de l'économie encore florissante qu'est le tourisme est menacée par le désir de l'Europe de faire retourner les réfugiés en Grèce. Ils sont les bienvenus en Allemagne, dit Mme Merkel, sous-entendu surtout s'ils n'y parviennent pas.

Si les plages Grecques sont « polluées » par les migrants, les touristes iront se dorer sur les plages portugaises ou espagnoles l'été prochain.

 

Les retraites sont aussi l'objet d'une vaste rancœur. Pour le salarié les cotisations vont augmenter. Les un peu moins de 1000 retraites spécifiques vont être fondues en un mode calcul unique évidemment moins favorable et former une caisse unique de retraite.

Pour les retraités actuels que va-t-il se passer ?

Le grand objectif de Tsipras n'est pas le prêt de 85 milliards consenti par les Européens. En effet il sait qu'il ne va toucher que des clopinettes. Sur cette période trois ans il devra reverser 80 milliards de remboursement de la dette sans compter les intérêts qui vont s'ajouter à cette dette. Autant dire qu'il ne restera rien comme marge de manœuvre. Seul interviendra les excédents dégagés par la croissance retrouvée. Or on se demande qui peut espérer une croissance si ce n'est les débiles qui font semblant de croire à une inversion de la courbe du chômage dans un autre pays.

Par contre Tsipras mise sur un effacement partiel de la dette qui lui donnerait un bol d'oxygène. Il a pour cela une alliée, la mère Lagarde qui risque de conserver la tête du FMI à moins qu'elle soit rattrapée par l'Affaire Tapie qu'elle traîne au cul depuis un moment. Le « ruiné de chez ruiné » a une dent contre elle et plus d'un tour dans son sac.

Par contre en bonne alliée, elle exige des coupes dans les retraites actuelles, environ 15% directement après une perte d'environ 40% en quatre ans. Les retraités actuels regrettent les gouvernements précédents qui, s'ils ont été virulents, paraissent plus doux que celui-ci.

 

Et pour obtenir une éventuelle révision de la dette, il faut savoir « baisser le froc » et le faire avaler.

 

Quelles sont les grandes lignes de la réforme des retraites.

D'abord, fin des retraites anticipées. L'âge de la retraite est portée à 67 ans. Les différentes retraites, sachant que la plus part des grecs ont effectués deux métiers, ne seront plus traitées différemment mais ensemble. Elles seront plafonnées à 2 300 euros mensuels pour une simple retraite, à 3 000 euros maximum pour ceux qui cumulent plusieurs pensions.

Ensuite, une retraite de base que tout le monde toucherait de 384€. A cela, s'ajouterait une retraite variable calculée en fonction de la durée de cotisation avec des pourcentages du salaire médian et non plus des 5 dernières années.

Voici deux tableaux avec des durées de cotisation extrêmes (minimum-maximum).

 

Cot

isa

tions 15

ans

 

Retraite de base (384 €)

+ retraite variable

Salaire (€)

Retraite (€)

Taux (%)

700

463

66

800

475

59

1000

498

50

1500

554

37

2000

611

31

2500

668

27

3000

725

24

3500

781

22

Cot

isat

ions 30

ans

 

Retraite de base (384 €)

+ retraite variable

Salaire (€)

Retraite (€)

Taux (%)

700

562

80

800

587

73

1000

638

64

1500

765

51

2000

892

45

2500

1019

41

3000

1146

38

3500

1273

36

 

Mais il y a un hic qui vient s'y rajouter.

Ceci serait modulé en fonction du patrimoine. Si le retraité a un patrimoine, sa retraite en sera diminuée d'une façon qui n'est pas encore clairement définie.

Ce qui veut dire que le salarié qui s'est endetté pour acquérir un bien immobilier sera de ce fait pénalisé par rapport à celui qui aura hérité et surtout par rapport à celui qui n'aura investi dans rien du tout. Un lit se prépare pour la propagande de Crisi Avgi qui en ce moment cherche, tout comme le FN ailleurs, à se rendre fréquentable !

 

D'autres nouvelles :

Zoé Kontantopoulou a parlé. Elle a expliquée qu'elle s'était spécialisée dans Syriza avant la victoire électorale, dans le domaine de la justice. Elle espérait pouvoir continuer dans le nouveau gouvernement mais Tsipras lui a refusé le ministère de la justice qu'il a réservé à un fidèle qui n'était pas au fait comme elle l'était, lui proposant l'intérieur. Elle a tout simplement refusé celui là et les différentes propositions pour finir par accepter la Présidence du Parlement. Là elle a été attaquée de différentes parts y compris de façon très violente par des membres de Syriza qui voulait son départ parce qu'elle faisait respecter la constitutionnalité dont d'autres auraient bien voulu s'affranchir.

Elle a profité de ce poste pour faire la « vérité » sur la dette mais Tsipras, qui semble-t-il n'appréciait pas, a empêché la conclusion de la commission. Elle le soupçonne d'avoir préparé assez tôt (dès le 20 février) son revirement et d'avoir enfumé tout le monde. Elle a des mots très durs pour lui : « comme cela a été démontré, (il) nous manipulait tous de main de maître ».

 

Le gouvernement veut modifier le paysage télévisuel. Il s'agit de passer de 8 chaines à 3. Le conseil de l'audiovisuel ne sera plus indépendant mais nommé par le gouvernement.



13/02/2016
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