Vie en Grèce

Vie en Grèce

13/02/2015 : Un vendredi 13, est-ce que ça porte malheur ?

De gros progrès ont été faits depuis l'échec de l'Eurogroupe. Le terme de Troïka a disparu de la circulation pour être remplacé par « les trois créanciers » et celui de Mémorandum par « accord possible ».

 

De qui se fout-on ?

 

L'idée d'une aide de 5 milliards se fait jour en plus assortie de l'abandon d'un tiers des mesures prévues par l'ex-troïka (dont le mot n'a plus droit de cité).

Ça signifie que la Grèce doit accepter les deux tiers des mesures d'austérité de l'ex-troïka dont je me permets de répéter (sans ironie aucune !) que le terme n'a plus droit de cité.

Sachant que Tsipras ne cèdera pas sur la lutte contre la corruption et le clientélisme ni sur la lutte contre la fraude et l'évasion fiscale (qu'il ne pourra pas enrayer plus que les autres pays européens), il reste beaucoup de couleuvres à avaler comme les atteintes au droit du travail, aux attaques sur salaires retraites et impôts.

Déjà il a reculé sur le SMIG qui devrait être immédiatement augmenté puis maintenant progressivement sur un an et finalement sur deux ans. Quand aux impôts fonciers qui devaient disparaître et qui n'ont pas été payés pour ce même motif pendant la campagne électorale, il serait question de les payer.

Revenir sur les privatisations serait très mal vu par l'ex-troïka (avec qui on ne discute plus mais plutôt avec ses composantes !) et abandonner celles qui avait été rejetées serait très mal compris. Il s'agit du patrimoine national c'est-à-dire le bien public auquel les grecs sont attachés.

 

Depuis aujourd'hui, un long week-end de discutions « techniques » est engagé jusqu'à la ratification « politique » par l'Eurogroupe du lundi 16/02. Quelle subtilité de langage ! Technique fait très sérieux et politique marchandage.

 

Tsipras peut-il engager la lutte contre la fraude fiscale ?

Quand on voit le peu d'efficience de la liste Lagarde en France et le temps qu'il a fallu pour faire aboutir quelques régularisations ...

Quand on voit qu'il a fallu une longue enquête des nombreux journalistes, enquête que les services de l'état français n'ont pas pu mener à eux seuls pour montrer les mécanisme frauduleux employés par la filiale suisse de HSBC (révélations du Monde du 10/02) …

Quand on sait que ce n'est que l'infime partie visible de l'iceberg de la fraude fiscale …

Quand on sait que ceux qui se sont fait prendre ne représente que le menu fretin et que les spécialistes de l'évasion fiscale se payent des spécialistes de la chose d'une puissance à faire blêmir les maigres moyens des services fiscaux nationaux …

Quand on sait que des artisans de la légitimation de la fraude fiscale et de la création de paradis fiscaux en Europe même sont des pontes de la gouvernance de l'Europe …

Quand Tsipras a lui même avoué que les armateurs grecs (qui doivent être volontaires pour payer des impôts) sont prêts à s'installer au Panama en cas de besoin …

Quand Tsipras ne peut pas s'attaquer aux biens de l'Église dans son propre pays sous peine de perdre sa popularité (ce serait un crime de lèse-majesté) ...

on se demande comment il pourrait lutter efficacement et faire rentrer rapidement des sommes conséquentes. Heureusement, on est rassuré, ses collègues européens ne sont et ne seront pas plus forts bien qu'ils aient déjà annoncé qu'il n'y a plus de paradis fiscaux alors que tout le monde pense le contraire.

 

Tsipras peut engager la lutte contre le « clientélisme » ?

Quand aujourd'hui tous les journaux de langue française titrent l'équivalent de « La Cour des Comptes dénonce les dérives clientélistes de la réserve parlementaire » en France, un des pays vertueusement modèle en Europe …

Quand tout le monde reconnaît que l'état grec moderne est gangréné par le clientélisme depuis ses origines (1820) et que personne n'a pu ou su ou voulu l'éradiquer …

on se demande comment Tsipras y arrivera.

Sachant qu'un taux important de fonctionnaires n'a pas été mis en poste par concours c'est-à-dire par son mérite et en fonction de ses capacités mais placé par opportunisme par des organisations politisées (essentiellement Nouvelle Démocratie, PASOK et syndicats), il faudrait obliger beaucoup de gens à fonctionner autrement c'est-à-dire pour le bien public, c'est-à-dire à contrario de leurs intérêts.

Ainsi nombre de gens obéissent non pas aux cadres de leur ministère qui sont les relais de la volonté du ministre (à supposer qu'elle existe) mais à leurs bienfaiteurs (c'est bien pour ça qu'il a placé ses types).

Ainsi le gouvernement peut changer, les partis politiques lessivés continuent toujours à tirer les ficelles et à maintenir leurs privilèges.

S'attaquer de front à l'administration sonnerait comme une déclaration de guerre. Le parti communiste KKE, faible dans les urnes, dispose de redoutables syndicats doublés d'une haine viscérale envers Syriza. Il faut s'attendre à de violentes grèves reposant sur le mot d'ordre de la « sauvegarde des acquis ».

La CGT en France est accusée parfois de bloquer toute évolution dans des conflits sociaux. Je ne sais pas si c'est vrai, elle a cessé en tout cas d'être la courroie de transmission du PCF. C'est exactement le contraire en Grèce, le syndicat PAME est le bras armé du KKE comme jadis la CGT française du PCF.

Si Syriza place immédiatement des hommes nouveaux aux postes clés, ce qu'il a commencé à faire, ça ne suffira pas pour changer le cours ordinaire de la masse de la fonction publique. Il risque de plus d'être accusé du même mot que ses prédécesseurs c'est-à-dire de clientélisme.

Reformater les fonctionnaires ?

Pour ça il faudrait des formations qualifiantes pour éviter les résistances. Qui les feraient ? A travers une école d'administration ? Combien de temps pour que cela devienne opérationnel ?

C'est immédiatement qu'il faudrait des résultats.

 

Voici quelques petites interrogations sur une partie des problèmes grecs. Tout n'est pas abordé ici !

 

 



13/02/2015
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