Vie en Grèce

Vie en Grèce

22/01/2016 : Une odeur de poudre.

Nous avons eu la révélation par Varoufakis qu'il avait demandé à Tsipras de ne pas céder, qu'un accord n'était pas possible mais ils l'avaient épuisé

(la troïka) et il a décidé de céder.

 

Nous savons depuis aussi qu'il a enregistré tout l'Eurogroupe et put-être qu'un jour il rendra tout public. Nous apprenons aussi que la Grèce avait demandé une aide à la Chine et que celle-ci leur avait accordé. Mais sur un coup de téléphone de l'Allemagne (qui ?) elle s'était rétractée.

 

 

 

La réforme de l'administration publique se met en route. 40000 postes à responsabilité sont à pourvoir par appel à candidature. Pour la première fois ce sont des postes à profil et les candidatures seront examinées par un jury sur un critère annoncé de compétences. Jusqu'à présent les critères étaient surtout de copinage. Y aura-t-il changement ? Nous verrons.

 

La nouvelle Troïka est sur place et examine les comptes de la Grèce et va statuer sur les aménagements que veut apporter le gouvernement sur la « réforme » des retraites. Le gros argument du gouvernement est qu'il est là non pour empêcher la rigueur mais pour en atténuer les effets. En réalité ce n'est pas lui qui décidera et ses marges de manœuvres sont nulles.

 

Autant dire qu'il n'a plus bonne presse auprès de la population. L'équation « Siriza = Troïka » est enfin mise sur table et la rancœur monte et monte à la hauteur de l'espoir créé à une époque par l'arrivée au pouvoir de Syriza. Comme disait un philosophe toulonais, le pire ce n'est pas celui qui créé l'espoir mais celui qui le tue et Tsipras avec Syriza commence à concentrer la haine.

 

 

 

Le gouvernement est la cible des critiques avec les nominations aux postes clés des amis et de la famille des proches de ceux déjà installés. La liste des amis placée ne fait que s'allonger et vient confirmer les premières tendances révélées à l'arrivée au pouvoir de Siriza. Tout recommence comme avant, on se gave avant la défaite qui risque d'être magistrale.

 

Tsipras est la cible des quolibets. On se souvient de lui au volant d'un tracteur soutenant les agriculteurs ou l'on se moque de la qualité de son anglais.

 

 

 

L'opposition s'organise. Après des ratées pagnolesques dignes de l'ex-UMP, Nouvelle Démocratie (ND) s'est dotée d'un nouveau leader, Mitsotakis, qui réoriente son parti vers ce que l'on appelle communément le « centre » abandonnant la position de droite extrême de son prédécesseur Samaras.

 

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D'après les derniers sondages qui valent ce qu'ils valent, ND serait grand gagnant lui tout seul en cas de législatives anticipées. Mais le dit « centre » va se recomposer entre l'union centriste, les restes du Pasok, Potami et l'opposition sera bientôt en position de force et unie. Il reste toujours derrière les néo-nazis à qui profitera la crise des migrants.

 

 

Des manifestations ont lieu en ordre dispersé. En plus des agriculteurs, les retraités, les anars et d'autres. La réforme des retraites, pernicieuse bien que les modalités ne sont pas encore publiées mais dont les objectifs sont parfaitement définis va faire descendre dans la rue plus d'un.

 

Elle s'appuierait sur deux parties, une attribuée à tout les retraités d'un montant fixe d'environ 350 €, complétée par une deuxième variable suivant les situations. D'abord l'âge de la retraite serait repoussé à 67 ans avec suppression des retraites anticipées. Son montant serait calculé par application d'un pourcentage non sur le dernier salaire mais sur le salaire médian de la carrière. Il serait de plus amputé en fonction du patrimoine et épargne acquis par le retraité au cours de son activité. Ainsi il ne vaut mieux pas avoir hérité, ce qui est le cas classique, et ne rien avoir épargné ni acheté.

 

Normalement ceux qui se sont endettés pour acheter leurs résidence principale avant la crise et qui, en raison de l'amputation de leurs revenus de 40% depuis 2011 et qui ne peuvent plus payer les traites de leurs crédits, sont expulsables par les banques à partir du premier janvier 2016. De nombreux grecs vont se retrouver bientôt à la rue. Dans le même temps la Grèce va loger les migrants sur son territoire, elle s'y est engagé. Ce différentiel « on expulse les grecs, on loge les étrangers » va faire le bonheur de Crisi Avgui.

 

Les taxes et nouveaux impôts viennent cette année aggraver le pouvoir d'achat du grec moyen.

 

 

 

Autant dire que les rancœurs contre ce gouvernement ne vont faire que s'exacerber d'autant plus qu'il est arrivé au pouvoir pour éviter ça.

 

D'ailleurs la violence est là. Les paysans l'agitent de plus en plus dans l'absence de médiatisation française. Les Monde du 21-22-23 janvier ne parlent absolument pas de la situation en Grèce.

 

 

 

Les agriculteurs grecs viennent de perdre les avantages qu'ils avaient sur les carburants. L'agriculture grecque étant composée essentiellement de petits agriculteurs, autant dire que leurs revenus généralement modestes vont chuter. Beaucoup ont de semi-agriculteurs vivant et d'un travail salarié et de leurs champs. De nouvelles taxes les attendent.

 

Un exemple : les producteurs viticoles se voient taxer depuis 2016 sur chaque bouteille de vin produite. Cette taxe est à payer avant la vente et même si elles ne sont pas vendues. Ils sont sommés de faire l'inventaire de leurs stock et taxés dessus ce qui revient à dire que cette taxe est rétroactive car touchant des produits d'avant 2016. Par contre elle ne s'applique pas sur les bouteilles d'importation (pourquoi ?). Donc dès maintenant, le producteur doit payer une taxe sur tout son fond avant d'avoir pu la faire rentrer. Il se retrouvera aussi pénalisé à l'exportation alors que l'importation ne le sera pas. Autant dire qu'on le met en difficulté mais n'est-ce pas voulu pour favoriser les exportations des pays régnants de l'Europe.

 

 

Aussi un vent de révolte flotte. Il y a quelques jours des violences ont eu lieu à Komotini, bastion de la droite dure, entre les agriculteurs et les forces de l'ordre. Les barrages sont de plus en plus nombreux en ce moment.

 

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A Thessalonique les paysans ont fait des distributions de produits agricoles, se faisant la sympathie des habitants. Les pêcheurs s'y sont joints en envahissant le port.

 

A Serres, ils ont pris d'assaut le siège de Syriza, ont mis le feu au drapeau de Syriza, ont brulé des affiches électorales appelant au non au référendum et lancé des œufs sur la façade.

 

La déception ne fait qu'augmenter la haine envers cette organisation. Que de plus compréhensible ?

 

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Il semble que nous allions vers un risque d'émeutes.

 

A suivre.

 

 

 



22/01/2016
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