Vie en Grèce

Vie en Grèce

25/09/216 : La banqueroute est en marche.

Je suis arrivé à Thessalonique salué par la grève des transports urbains qui dure maintenant depuis une semaine (depuis le 17/09).

Les employés de la société OASTH Grève des transports n’ont pas le sens du bien commun contrairement au gouvernement actuel. Ils font grève parce qu’ils ne sont pas payés. Qu’elle honte et nous nous marchons à pieds !

Une rencontre a eu lieu entre les grévistes et le ministère des Transports. Mais il n’y a plus d’argent ! La troïka est venue à Athènes, fait les points des mesures drastiques qu’elle exige avant de verser le complément du début de prêt. Elle fait pression par le manque de liquidité et on peut penser que des grèves ne sont pas pour lui déplaire. Le gouvernement attend le déblocage d’une nouvelle tranche en échange de mesures de réduction des retraites et de privatisations. Cette nouvelle tranche sera pour sa majeure partie utilisée pour payer une échéance de traite. Il n’en restera que des bribes !

Du coup, les bruits courent que l’OASTH va augmenter le prix des transports de 52 % ce qui fait que la carte mensuelle de 30€ va passer à 48€. Le ticket a déjà doublé de prix il y a peu. Les bas salaires apprécieront !

La ville est en train d’étouffer à cause d’une circulation plus intense. En effet les gens se déplacent maintenant en voiture et la densité de circulation à augmenté. En même temps, le stationnement étant au paravent très difficile, ces nouveaux véhicules supplémentaires doivent se garer de gré ou de force et c’est plutôt de force. Comme il n’y a plus de place, c’est en double file dans les intersections ce qui réduit encore la fluidité de la circulation. Heureusement le stationnement payant est rare et le mauvais stationnement peu verbalisé.

La pratique du stop a repris, celle de la débrouille (qui n’a jamais cessée) se déploie.

 

Lorsque je suis arrivé pour faire des courses au marché, la police était là et les policiers discutaient tranquillement, certains un café à la main. A quelques mètres de là on me proposait des cigarettes de contrebande.

L’entrée du marché est connue pour la vente de ces cigarettes de tout le monde. Les autorités ne peuvent l’ignorer. Jadis, sous les gouvernements précédents, lors que la police pointait son nez, des coups de sifflet se faisaient entendre, tout ce petit monde s’agitait, les sacs disparaissaient et ils se transformaient en simples badauds. Maintenant, plus rien de tout ça, aux yeux et à la barbe des autorités de ce gouvernement qui prône le vertueux.

 

Premier achat à un étalage, 1,20€ et on me donne un ticket automatiquement. Plus loin, achat de 1,80€. Je dois quémander mon ticket et me fait engueuler : « pour 1,80€ il n’y a pas besoin de ticket » à quoi je réplique que c’est la loi et l’on me répond « oui, c’est la loi mais pas pour les petites sommes ». J’y serai le malvenu la prochaine fois. D’habitude quand je réclame le ticket, on s’excuse et me donne le prétexte de l’oubli.

 

Surprise, le collègue qui me vend habituellement l’ouzo a définitivement fermé. C’était, comme de nombreux petits commerces, des gens qui fonctionnaient tant bien que mal et qui, avec la troïka, se sont retrouvés grévés par des taxes nouvelles qui les ont tué à petit feu. Il n’y a plus que la débrouille et la triche pour s’en sortir pour de nombreux petits commerces.

Par la suite je m’apercevais que le marchand de pitas où j’avais l’habitude d’aller a fermé ainsi que la petite quincaillerie voisine.

 

Plus tard dans la semaine, quelques surprises télévisuelles. D’abord on ne parle aux informations quasiment pas de la grève des transports qui continue. Les grecs me disent que si c’était à Athènes on en parlerait. La Grèce c’est Athènes comme chez nous Paris c’est la France. On parle surtout de l’attribution des autorisations d’émettre dans le cadre de la nouvelle composition du paysage audio-visuel. Le conseil de l’audio-visuel a été revu et on accuse le gouvernement d’y avoir placé ses hommes, on connaît bien ça en France, qu’en penses-tu Nicolas (le candidat) ? Le nombre de grandes chaînes va être réduit et la moitié (2 sur 4) au service du pouvoir. C’est un peu plus vicieux car la chaîne ERT a en réalité 4 canaux ce qui en fait 5 au service du pouvoir et 2 d’opposition éventuelle.

Vous souvenez-vous du scandale provoqué par la fermeture de ERT sous le gouvernement Samaras ? Syriza l’a réouverte et semble-t-il, à ce qu’on me dit l’a mis sous sa coupe, supprimant des programmes populaires et mis au pas ssurtout dans le manque de critique. Il est vrai que les journalistes sont reconnaissants à Syriza de les avoir réambauché dans une période difficile et dans un domaine où la reconversion est très difficile.

Le grand résistant vénéré des grecs Manolos Gleizos (extrème gauche) s’est insurgé contre la main-mise du pouvoir sur l’audio-visuel et mis en garde contre la même mesure sur la presse écrite. Il accuse le gouvernement de tenter de corétiserdunord le pays.

 

Sur les autres chaînes avant recomposition, on se régale dans la critique et dérision du gouvernement (un art qu’aiment bien les grecs).

J’ai pu voir Tsipras en beau costume bleu (sans cravate) posant pour un magasine américain, pays ou son physique est très apprécié. On a dit qu’il va faire le parcours inverse de Reagan qui, lui, a fait du cinéma d’abord, de la politique après.

J’ai pu constaté qu’il a grossi, pris des joues et qu’il semble se porter très bien pendant que souffrent de nombreux grecs. On se moque toujours de son accent anglais.

Cible aussi des critiques le ministre de l’Éducation Nationale, non diplômé, qui a aussi une tête à se faire ridiculiser.

Le parlement vient de voter les privatisations, eau, transport de l’électricité, vente d’aéroports, cession du port du Pirée et s’apprête à voter de nouvelles mesures impopulaires très bientôt sur ordre de la troïka qui a quitté Athènes il y a peu et qui va délivrer ses exigences.

Il y a peu d’espoir qu’en retour la réduction de la dette soit abordée.

Il reste une semaine pour payer l’impôt maudit (EMFIA) sur les bien immobiliers.

 

Un peu comme un automate, ce gouvernement se sent toujours de gauche et affirme pratiquer une politique de gauche. C’est son discours récurent ! Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois !

 

Par contre, l’opinion publique n’est pas dupe. Le pauvre Mitsotakis qui a eu beaucoup de mal a s’imposer au sein de la Nouvelle Démocratie après la défaite électorale de ce parti, arrive largement en tête des opinions positives dans les sondages « qui vous paraît le mieux placé pour gouverner » devant Tsipras. Cependant beaucoup d’indécis.

 

Les sondages pour les législatives donnent aussi victoire pour la droite de la Nouvelle Démocratie.

Voici celui de Palmos analisys du 16/09 :

 

Nouvelle démocratie : 32%
SYRIZA : 27%
KKE (PCG) : 7,5%
Aube
Dorée : 7,5%
La coalition démocratique : 6,5%
La navigation d
e la liberté : 3,5%
Potami : 2,5%
Union de centristes : 2,5%

Grecs indépendants : 2%

Unité Populaire : 1,5

Autres partis : 8%

 

Il est à remarquer que Syriza a tué la gauche radicale. En effet l’ Unité Populaire, rétamée à la dernière législative, n’a pas de discours qui puisse la ressusciter la gauche aux yeux des grecs.

Bien sûr il faut se méfier ds sondages mais ici comme pour les législatives de janvier 2015 qui annonçait la victoire de Syriza, on sent que les sondages collent bien à la réalité d’une recomposition politique.

Les législatives officielles sont dans un peu plus de deux ans à moins de surprises ce qui n’est pas impossible.

En effet, le Conseil Constitutionnel a été saisi sur les pratiques du gouvernement et lois votées par ce dernier. S’il s’avère qu’il y a des pratiques anticonstutionnelles et des lois aussi, le gouvernement risque de tomber par perte de légitimité et de nouvelles élections se profileront.

Beaucoup de grecs attendent ce désaveu, leur haine envers ce gouvernement est à la hauteur de l’immense espoir espoir qu’avait créé Syriza. « Plus jamais la gauche » est dans la bouche de nombreux grecs.

 

En marge de la Grèce quelques mots sur deux points.

L’acquistion de Monsanto par Bayer : Monsanto avec les pesticides de Bayer s’évertuent à nous empoisonner par le biais de l’alimentation.

Heureusement le nouveau Bayer en plus de nous empoisonner, va aussi avec ses médicaments nous soigner. N’y a-t-il pas conflit d’intérêts dans cette absorption ?

 

Scandale dans une commission européenne : Avez-vous oublié le scandale avec Édith Cresson 1998. Elle avait été personnellement accusée de « mismanagement ».

A l’époque, on avait découvert que tout le système des commissions européennes était corrompu jusqu’à la moelle et puis tout est tombé dans dans l’oubli après la démission d’Édith Cresson .

Peut-on jouer la surprise aujourd’hui ?



26/09/2016
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