Vie en Grèce

Vie en Grèce

25/10/2013 : De ratés en ratés !

Par où commencer car il faut faire des retours en arrière qui risquent de masquer la finalité du discours.

 

D'abord un petit verre d'ouzo et nous pouvons commencer.

 

 

 

Des ratées pour Syriza.

 

A près la dictature des colonels terminées en 73, une constitution moderne a été élaborée. Elle faisait suite aux derniers évènements qui avaient agité le pays.

 

Cette constitution faisait la part belle à l'opposition avec un statut, protection de nombreux secteurs contre la concurrence (professions dites protégées) et mesure symbolique phare l'interdiction pour la police de pénétrer à l'université, cette dernière ayant participé activement à la chute de la dictature.

 

Dans les années Caramanlis, premier ministre de droite, aux alentours de 2007, ce dernier a décidé de modifier la constitution, peu propice aux privatisations, pour l'adapter aux exigences du néo-libéralisme. Un consensus parlementaire était nécessaire et il ne l'a pas obtenu. La constitution n'a donc pas pue être modifiée.

 Karamanlis.jpeg

 

Par contre Syriza s'est violemment opposée à toute modification de constitution et s'est présentée en défenseur de cette dernière. Son aura dans les sondages a augmentée et les intentions de vote ont plus que doublées l'amenant alentours de 10% d'intention de vote.

 

C'est donc sur ce principe de respect de la constitution que s'est battu Syriza.

 

Par la suite le gouvernement de Caramanlis à cédé la place à celui de Papandréau qui a donné espoir quelques mois seulement. En effet le problème de la dette est directement arrivé, les pressions de la troïka se sont mises en place. Papandréou y a cédé jusqu'au coup d'état de la troïka. Cette dernière a imposée un premier ministre technique Lucas Papademos qui ne suivait le schéma constitutionnel de désignation du premier ministre.

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Il était présenté comme un technicien neutre. C'était faire abstraction du fait qu'il travaillait dans le secteur bancaire et qu'il avait participé au magouillage des comptes grecs lors de l'entrée de cette dernière dans l'UE.

 

Son gouvernement d'union ND-PASOK a commencé par voter des lois anticonstitutionnelles reconnues comme telles par les spécialistes du droit constitutionnel et même parfois par le Conseil Constitutionnel qui est baillonné par le pouvoir en place.

 

Ses ministres techniques (certains l'ont avoué) ont signé les mémorandums sans toujours l'avoir lu ! Beau travail Messieurs !

 

Syriza s'est toujours opposé à ces violations de la constitution en proclamant le respect de la constitution.

 

En début de semaine, le parlement a eu à se prononcer pour la suppression des subventions publiques (environ 500000 €) au mouvement néo-nazi de l'Aube Dorée (AD), ce qui est contraire à la constitution (argument défendu par les partisans de l'AD) tant que ce parti n'est pas officiellement interdit.

 

Le parlement l'a voté sans mal AVEC les voix de Syriza ou presque.

 

En effet, certains députés de Syriza n'ayant aucune sympathie pour AD ont voté contre, en particulier Mme Konstantopoulou provoquant une crise au sein de l'organisation.

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Son vote réveille le moral de l'opposition interne à Tsipras (Rproject, plateforme de gauche).

 

Ce dernier considéré par les média comme le porte parole de l'organisation joue un jeu solitaire anti-démocratique en modulant ses propos suivant ses interlocuteurs, reprenant les points de rupture avec le système capitaliste ou les niant (ou les occultant) au profit de mesures plus consensuelles suivant les uns ou les autres, donnant l'impression d'un bateau ivre.

 

 

 

Des ratées pour le gouvernement.

 

Les mesures d'austérité prévues pour 2012 devaient permettre à la Grèce de sortir de l'ornière en 2013. C'était la sortie du tunnel dont Giscard D'estaing nous rabattait jadis les oreilles.

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Circonstances obligent, 2013 a été reporté à 2014.

 

La troïka a chargé une commission (rappelons que les fonctionnaires de la troïka en Grèce bénéficient de privilèges fiscaux) pour faire le bilan des restrictions réalisées en 2013 et le gouvernement a annoncé qu'il faudrait peut-être des réajustements pour terminer l'année mais qu'il n'était pas question de toucher aux salaires et aux retraites.

 

Conclusion de l'intervention de la troïka : il faut des mesures drastiques.

 

Depuis quelques jours, il n'est plus question pour les grecs que des nouvelles mesures.

 

Pour les médias, il n'en va pas de même. Il y a heureusement Maria, une jeune bulgare blonde qui vivait avec des « parents » d'adoption Roms bien basanés. Ça fait la une des journaux : mais qui sont ses parents biologiques ? Pas Samaras ni Veniselou je pense mais ils sont les parents des mesures à venir.

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Ces dernières seront votées en novembre. Qu'en dit le journal Le Monde ? Il parle de Maria mais absolument pas de ces mesures.

 

Quelques indications : mais avant, lecteur français asseyez-vous, vous n'en croirez pas vos yeux et vous me prendrez pour un fou. Et pourtant ?

 

Baisse des retraites de 50% : je pense que ça ne concerne pas toutes les retraites mais celles au dessus de 2000€ mensuels (le revenu moyen en France est de 2654€ mensuels). A voir.

 

Il est annoncé que pour 2015 la retraite de base sera de 360€ mais je ne sais pas ce que veut dire retraite de base dans l'esprit gouvernemental : soit un minimum garanti soit aligner toutes les retraites sur ce montant (il faut s'attendre à tout avec la troïka).

 

Les impôts fonciers exceptionnels (Karazi, impôt primitivement créé jadis par l'envahisseur ottoman et repris sous la pression de l'envahisseur troïkain) deviennent définitifs et seront augmentés avec application sur des biens non imposés auparavant.

D'autre part, les terrains cultivés seront violemment imposés, de l'ordre de plusieurs centaines de fois qu'en 2013, juste ce qu'il faut pour qu'il n'y ait plus de production agricole en Grèce. Un véritable désert se met en place au prix de la transformation de la paysannerie en chômeurs.

Le prix des terrain va chuter, il sera alors possible à de grands investisseurs étrangers de créer de grosses exploitations industrielles qui elles auront des avantages fiscaux.

Heureusement dans l'histoire et entre actuellement en Grèce, les manifestations paysannes sont violentes quand il le faut et la capacité de résistance de cette couche de la population est très forte.

 

Baisse de 30% des « éfapax ». Qu'est que l' « éfapax », denrée inconnue en France. Tout au long de sa carrière, une partie du salaire du travailleur grec a été mis de côté par l'État en vue d'être reversé après la prise de la retraire. C'est donc un dû ! Il s'agit en quelque sorte d'une épargne forcée restituée en fin de carrière ou une forme de ce que l'on pourrait appeler Intéressement au travail préconisé par les tenants français de la cogestion.

 

Cette sorte de bonus peut atteindre 20000€ ou 60000€ suivant les professions et les carrières. De quoi aborder correctement une retraite.

 

Cet « éfapax » lorsqu'il est versé est imposé comme revenu et donc subit au minimum un abattement de 30% et généralement plus !

 

C'est un vol organisé !

 

 

 

Période critique.

 

C'est dans ce contexte très tendu que se présente le grand week-end festif du 28 octobre avec trois grandes fêtes.

 

Demain 26/10, fête nationale avec la Saint Dimitri, patron de la deuxième ville de Grèce Thessalonique. On m'a dit qu'étaient attendus pour la grand messe le premier ministre Samaras et le Président de la République Papoudias.

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Il y a deux ans un ministre avait été pris à parti par la foule. Autant dire que le quartier de la basilique Saint Dimitri est bouclé (rues coupées, police anti-émeute).

 

Ces messieurs vivent dans un monde virtuel et se déplacent dans un monde policièrement aseptisé. Un exemple de délire verbal : Samaras annonce que la Grèce est un havre de stabilité dans une région explosive !

 

Après demain samedi 101ème anniversaire de l'indépendance de Thessalonique.

 

Après après demain lundi 28/10, libération de la Grèce des fascismes grecs et allemands.

 

Il y a deux ans les défilés officiels avaient été annulés par la foule en colère et le président de la république traité de nazi, ce qu'il n'est pas, c'est juste un fasciste anti-nazi ! Pourquoi fasciste ? Parce qu'il accepte tous les dictats anti-constitutionnels de la troïka.

 

Les spectateurs des défilés militaires sont depuis triés sur le volet. Sécurité oblige !

 

Dimitris Kazakis, Secrétaire Général du Front Unitaire et Populaire, déclarait le 19/10/2013 : « Je crois que dans les six prochains mois huit mois, nous aurons un grand soulèvement social en Grèce, ce qui ne laissera rien debout. ».

 



 

Peut-être sommes-nous à la veille de ce dernier ?

 



25/10/2013
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