Vie en Grèce

Le 28 octobre est une des deux fêtes nationales grecques. C’est le refus de la Grèce devant la capitulation demandée par l’Italie fasciste. C’est le début d’un affrontement victorieux pour les grecs avec les italiens sur le sol albanais. C’est le prélude aussi à l’invasion allemande qui a coûté si cher au pays. Tsipras, lors des cérémonies, a fait son couplet contre le fascisme. Ça tombait bien parce que tout le monde en ce moment traite tout le monde de fasciste et nous y reviendrons.

Il faut aussi rappeler que le 28 octobre 2011 avait fait l’objet d’un vent de révolte face à l’austérité qui a abouti à l’annulation des cérémonies officielles et que la foule avait insulté les autorités.

Revenons aux différentes nouvelles qui ont sillonné la Grèce. En début de mois, a surgi une menace de grève des aéroports annulée le jour même.

Le 08/10 nous avons appris la mort du dernier des colonels de la dictature, Stylianos Pattakos.

Stylianos Pattakos au milieu du trio.

Manifestation le 13/10 des handicapés contre la réduction des prestations (sociales) de la part d’un gouvernement qui se dit de gauche. Témoignage d’un handicapé : il touchait auparavant une indemnité de 400 €. elle est passée à 182 €. Ils ont la chance de ne pas avoir été gazés au lacrymogène comme leurs prédécesseurs, les retraités, lors de leur manifestation.

L’Eurogroupe accorde une aide réduite à la Grèce. Elle sera complétée un peu plus tard mais de façon à tenir la Grèce par étranglement financier de façon à ce que le pays puisse payer ses remboursement de dette sans plus.

Les ventes aux enchères des logements des propriétaires endettés sont régulièrement perturbées par des membres de l’association « Nous ne payerons pas » et les commissaires-priseurs ne sont pas en mesure d’effectuer leur travail.

Aucune maison aux mains des banques.

La télévision a présenté le cas d’une personne désespérée qui a du vendre son appartement 3000€ pour faire face à ses dettes.

A la une aussi, l’épisode tiré du livre sur les propos que Hollande n’aurait jamais du dire. Il est relaté que ce dernier a reçu un coup de téléphone de sieur Poutine qui lui annonce que Tsipras lui a demandé d’imprimer des Drachmes parce que la Grèce n’en a plus les moyens. Tsipras, interrogé, est resté très évasif sur le sujet.

La société civile est très remontée au sujet du projet de loi sur l’audio-visuel. Le gouvernement a mis un Conseil de l’Audio-visuel à sa botte. Il entend supprimer quatre chaînes de télévisions, Alfa, Star, Méga et Epsilon. Il ne resterait que Ert1, Ert2, Ert3, la Chaîne Parlementaire, Antenna1 (chaînes acquises au gouvernement) et Skaï. Ce qui veut dire qu’il n’y aurait plus qu’une chaîne d’opposition contre 5 « aux bottes » du pouvoir en place. Calcul stupide car lorsque le pouvoir changera de mains Syriza sera le premier à en subir les conséquences mais cette fois à long terme.

L’opinion publique n’y est pas favorable et parle de dictature, propos accentués par l’attitude intransigeante du gouvernement et de Nikos Papas en charge du dossier. De fortes pressions se font sentir. Entre autre une qui a fait la une, celle d’un vice-président de chambre qui faisait de la résistances aux ordres politiques et dont on a dévoilé sa liaison antérieure (datant de trois ans) avec une maîtresse de façon à le déstabiliser. Ce sont des méthodes à la Sarkozy, bien connues en France. D’ailleurs à ce niveau là il y a une très bonne vidéo « L’enquête interdite »dans laquelle l’ancien directeur de Paris-Match nous explique comment Sarko l’a fait viré malgré leurs liens (https://www.youtube.com/watch?v=A1_UnbfO_b8).

Manifestation contre la censure avec long un défilé silencieux, bouches bastillonnées.

Mais surtout vient se rajouter à l’exaspération générale, le Congrès de Syriza les 22-23 octobre. C’est un grand show télévisuel (digne des campagnes de Sarko, encore et toujours lui) avec Tsipras en vedette américaine. Résultats : Tsipras est élu Président du parti avec 93,5 % des voix.

Alexis Tsipras avec 93,54 % est reconduit président du parti.

Face à l’autoritarisme et les méthodes de son gouvernement il est raillé et vilipendé. Seul Staline arrivait à faire mieux ! Il est clair que toute opposition est éliminée et que maintenant ce sont les transfuges du PASOK qui tiennent en main le parti. Tsipras affiche une assurance tout crin et une attitude digne de Juppé en 1995, celui qui ne doute pas de la justesse de sa politique et se présente « droit dans ses bottes ».

Coup de tonnerre et crise politique, le 26/10 le Conseil d’ État par 14 voix contre 11, déclare la loi sur l’audiovisuel et la fermeture des quatre chaînes anticonstitutionnelle.

Conseil Constitutionnel : la loi est anticonstutionnelle, ils ne ferment pas les chaînes.

Réaction du gouvernement : il s’agit d’un complot fasciste et décide de passer outre en proposant une nouvelle loi contournant les objections du Conseil d’État.

Le journal Makédonia fait sa une en traitant Tsipras de dictateur à la coréenne et parlant de fascisme rouge. D’autres journaux titrent : Big Bang, Choc, Séisme …

Les esprits sont très échauffés et comme en décembre 2014 le centre de toutes les conversations tournait autour des élections, cette fois le centre des conversations tourne autour de ce revers gouvernemental. Les gens se moquent de ce gouvernement, jubilent à la hauteur de l’espoir qu’ils avaient mis en lui début 2015.

Ça fait d’ailleurs l’affaire de la droite qui, dans les sondages, monte en flèche. Le pauvre Mitsotakis qui a pris la succession de Samaras et qui avait bien du mal à s’implanter, s’envole sans bien le chercher dans les sondages.

L’échec de Syriza est déjà prévisible malgré l’optimisme béat à la Hollande dont fait preuve son leader. Les élections se pointent déjà à l’horizon puisque 2018 sera l’année des municipales où Syriza n’est traditionnellement pas armé pour les emporter tout comme en 2014 où il était en odeur de sainteté et 2019 avec les législatives en janvier, six mois après la fin du troisième mémorandum dont Syriza ne sortira pas vainqueur.