Vie en Grèce

Vie en Grèce

06/02/2015 : Nous sommes à la croisée des chemins.

« La période est cruciale » entends-je !

Dimanche, Tsipras va présenter devant le parlement grec son programme politique.

Dimanche, nous saurons quels sont les renoncements auxquels le nouveau gouvernement va procéder, si renoncements il y a.

 

En tout la mise en condition y est : Dans l’entourage de Juncker il a été dit :

« La peur ici, c’est que MM. Tsipras et Varoufakis n’aient encore pas compris à quel point ils ont le couteau sous la gorge. S’ils comprennent ça, ça ira, sinon, on ira dans le mur».

 

Nous voyons là que l'idée de négociation ne se conçoit que si l'interlocuteur est en phase avec les maîtres de l'Europe. Ce n'est pas ce qu'on apprend à l'université !

Junker lui-même n'a-t-il pas déclaré : « Il ne peut y avoir de choix démocratiques contre les traités européens ».

Ainsi les peuples n'ont rien à dire en ce qui concerne les décisions de nos Maîtres. On les comprend, eux qui n'ont pas été élus démocratiquement et qui ne le seraient pas s'ils avait du passer par les urnes.

Il est vrai que les peuples sont composés de gens simples, voire vulgaires, qui n'ont pas la classe des banquiers et superviseurs de la fraude fiscale, science nouvelle dont les bien faits échappent au petit peuple rustre.

 

Attendons donc !

 

On m'a envoyé une réaction concernant un de mes articles.

Je vous la transmets avec son autorisation :

« Je suis ton blog et cela m'apporte une vision plus concrète que celle des articles que je lis ici et là. Panagiotis Grigoriou apporte aussi sur "greek crisis" une touche de vécu qui correspond à l'atmosphère que tu décris.

Je ne suis pas du tout compétent en économie, mais il existe des contradictions qu'on ne peut pas laisser de côté dans cette histoire. L'UE a pour base "la concurrence libre et non faussée" qui fait que chacun tire son épingle comme il peut, cela signifie aussi que le plus fort l'emporte sur le plus faible. Dans la zone euro, c'est la même chose avec ceci de particulier que la monnaie est la même pour tous et que de ce fait la politique monétaire de chaque Etat a été supprimée au bénéfice de la BCE dont le conseil est composé pour une grande part de personnes qui viennent des grandes banques mondiales et qui , de toutes façons n''ont rien à faire de ce que les citoyens pensent. De plus, le dernier traité de 2012  sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG) place sous le contrôle de la Commission européenne la politique budgétaire des gouvernements de la zone euro. Pour la Grèce, la troïka l'a mise sous tutelle.

Dans ces conditions, il est pratiquement impossible pour la Grèce de se relever, sauf si les pays de la zone euro décident de réduire massivement sa dette et de l'annuler. Ce qui n'est pas du tout dans l'air du temps, même si les opinions publiques, des économistes et Obama plaident pour, au moins, leur permettre de respirer.

Je pense donc :

ou bien se lève en Grèce et en Europe un mouvement très important en faveur d'une autre  politique européenne qui soit solidaire, tournant le dos au néolibéralisme, concrètement par des prises de pouvoir locaux et par des changements politiques nationaux,

ou bien la zone euro ne peut qu'éclater car cela n'est plus supportable par les peuples qui en font les frais.

Tout à fait au moment de la création de l'euro, j'avais lu un article d'un éditorialiste du Monde (en page deux à l'époque, j'ai oublié son nom) qui soulevait déjà la question des inégalités dans la zone, qui anticipait le décrochage des pays du sud, qui craignait l'éclatement de la zone et qui concluait en estimant que le moins pire serait que l'Allemagne en sorte plutôt que les autres.

Je comprends bien que les Grecs ne soient pas favorables à une sortie (encore que des sondages disent le contraire) car cela les projetterait dans une situation tout à fait nouvelle qui porterait beaucoup d'incertitudes et d'angoisses. Si tu relis Sapir, il insiste pour dire que la politique de Syriza n'est pas de dire que la Grèce veut sortir, mais que si l'Allemagne n'infléchie pas sa politique cela sera inévitable et porteur de risque pour la zone dans son ensemble. Il prend l'exemple du jeu, qui vient me semble-t-il de Varoufakis, qui consiste à jouer le risque maximum, sans concession, jusqu'à ce qu'un des deux craque devant lui (l'exemple est le concours de deux voitures qui se lancent l'une en face de l'autre, celui qui dévie au dernier moment a perdu, si aucun ne dévie, c'est l'écrasement des deux).

Ton analyse du 4 février "La dette, quelle dette ?" confirme ce que je dis plus haut concernant l'analyse de l'euro. Par contre, une solution "familiale" à cette crise ne me semble pas pertinente, même si c'est un peu ce qui permet aujourd'hui aux Grecs de survivre. On ne peut échapper à la mondialisation financière que par une mondialisation des luttes, la solidarité internationale. Les considérations que nous échangeons les uns et les autres sont largement partagées, même dans des conditions souvent extrêmement diverses et difficiles. Je reste convaincu que cela ne peut que se concrétiser un jour. Cédric Durand est moins optimiste que je le laisse paraître dans mon texte "Où va la Grèce ?" du 1er février, il n'empêche que l'histoire a toujours surpris ceux qui l'étudient ("La France s'ennuie", joli article de 1968).

Je te conseille ce blog :

http://www.blogg.org/blog-108630-billet-les_enjeux_d%C2%92u…

 

Si tu en as envie, tu peux publier mes dernières élucubrations ! »



06/02/2015
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