14/12/2016 : Croissance, fouilles et élections anticipées.
Les mises aux enchères hebdomadaires continuent à être perturbées et ne peuvent avoir lieu. Ceci ne plaît trop à la troïka qui veut faire relancer la machine. Un bras de fer est à prévoir avec le gouvernement. Attendons donc qu’il s’engage.
Il en va de même pour les coupures d’électricité de ceux qui n’ont pas payé leurs factures. Des commandos viennent leur remettre. Jadis les militants de Syriza faisaient parti de ces commandos avec la bénédiction du parti.
Le 17 novembre était jour anniversaire de l’insurrection de l’École Polytechnique lors de la dictature des colonels. Les représentants de Syriza ont tenté de déposer une gerbe à la mémoire des morts de l’époque. D’autres organisations étaient présentes et les en ont empêché. Syriza perd de plus en plus de légitimité révolutionnaire.
Il y a eu des des incidents violents entre « cagoulés » et la police. En même temps une manifestation importante de la société civile.
Les casseurs et les manifestants sont deux entités différentes qui se côtoient sans s’interpénétrer même s’il peut y avoir des liens de sympathie (dans un sens plutôt que dans l’autre).
La venue de Barak Obamha a été très suivie par la population. Par contre elle a été très choquée par l’attitude de leur premier ministre.
Pour les grecs la venue d’Obamha représente un grand honneur, celui d’une grande puissance qui vient à la rencontre d’une petite qui aimerai faire partie du lot des puissants et qui s’y sent intégré par le biais de l’adhésion à l’Europe.
Obamha a su séduire les grecs. Élégamment habillé, avec une cravate contrastant avec Tsipras, il a parlé en grec et fait l’éloge de la culture grecque et montré qu’il la connaissait.
Face à Obamha qui s’affichait avec aisance, un Tsipras mains dans les poches donnant l’impression de s’emmerder. Il reprenait du punch uniquement lors qu’il était au micro pour un discours.
Tsipras jouait l’anti-impérialiste face au représentant de l’impérialisme américain mais ce n’est pas ce que les grecs attendaient de lui. Ils attendaient que soit donnée la meilleure image de la Grèce face à quelqu’un de perçu comme un ami de la Grèce et fin connaisseur comme Obamha s’est présenté.
Plusieurs jours après le départ d’Obamha, les télé présentaient encore des reportages sur sa visite tellement ils étaient fiers de sa venue.
Tsipras n’est pas apparu comme le digne représentant de la Grèce et à la hauteur de ses obligations protocolaires. Et je pense que ça, il va le payer très cher au niveau popularité. La presse dans sa majorité ne s’est pas gênée pour le rayer.
Tsipras s’est rendu aux obsèques de Fidel Castro à la Havane, a fait un discours comparant la révolution grecque à la cubaine et ventant l’action du gouvernement grec dans les avancées sociales.
Son discours ne fut pas apprécié car les deux révolutions sont plutôt aux conséquences antinomiques, la cubaine s’étant libérée du joug américain, la grecque ayant plongé le pays sous le joug d’autres puissance, Russie, Angleterre et France. Quand aux avancées ….
Il faut bien voir que, si en janvier 2015 les grecs ont voté Syriza, ils n’ont pas voté pour une radicalité mais seulement pour un mieux-être.
Mais surtout on lui reproche d’avoir abandonné le navire en pleine crise avec le voisin turc. Dans sa folie paranoïaque, Erdogan qui avait déjà remis en cause le traité de Lausanne, réclame maintenant 18 îles grecques et ses avions se sont mis à violer l’espace aérien grec.
Il est très possible que ce soit une stratégie à but interne pour donner des objectifs et du grain à moudre à son armée déboussolée par les récentes purges qui l’ont déstabilisée.
En tout cas ces menaces sur la souveraineté grecque ont eu lieu en l’absence de Tsipras qui n’en n’a pas pour autant écourté son séjour et ça n’a pas été apprécié dans le pays.
Pendant ce temps on se vante d’un retour cette année de la croissance en Grèce. Comment ne pas rire d’une telle affirmation ?
Les retraites sont diminuées, les taxes augmentées, les faillites de petits producteurs et commerçants en hausse, la consommation intérieure en forte baisse et il paraît que la croissance revient. Personne ici ne la sent, au contraire ! Croissance mon cul ! Encore une fois le mode de calcul de la croissance la transforme en objet virtuel. Il est temps que l’on sorte de cette peuso-science qui affirme des « vérités » contre nature.
Le 5 décembre l’Eurogroupe a examiné la question grecque.
Déjà nous savions que malgré « la croissance retrouvée » elle va exiger un durcissement de la situation avec de nouvelles mesures restrictives particulièrement sur les retraites, l’extension des privatisations etc ... On parle du Mémorandum 3+.
Elle va aussi essayer de se débarrasser de Syriza. En effet elle va exiger un nouveau consensus droite-gauche. Jadis elle avait fait. PASOK et ND s’étaient réunis dans un gouvernement d’union nationale et mémorandaire auquel Syriza avait été prié de s’associer mais avait refusé. Alors on avait fait appel à un petit groupuscule issu de Syriza appelé Dimar (Gauche Démocratique) dirigé par Kouvelis. La Troïka avait enfin son consensus gauche-droite. Elle voudrait remettre ça, cette fois c’est la droite qui boude les « réformes » imposées. Il faudrait alors de nouvelles élections et ND avec à sa tête Mitsotakis qui pousse à la roue dans ce sens.
Tsipras, qui pour l’instant se comporte comme étant aux bottes de la troïka (qui a du mal à se faire rebaptiser « Institutions ») se retrouve coincé. Obéir c’est se suicider, désobéir c’est entrer en rupture un peu tard, c’est à la suite du référendum qui a vu la victoire du non qu’il aurait fallu le faire et ça aurait évité beaucoup de souffrance. Personne ne comprendrait pourquoi un tel changement et révélerait, pour ceux qui n’ont pas encore compris, que Tsipras est fasciné par le pouvoir ainsi que ceux qui sont restés dans Syriza.
La télévision revient sur la découverte archéologique d’Amphipolis. Avant les élections de 2015, les médias, pour faire diversion, sortaient le sujet « Amphipolis ».
Dorénavant quand la télé revient sur ce sujet, les grecs disent avec humour qu’il y a des élections qui se profilent à l’horizon.
Avec le protocole complémentaire on va vers la destruction des conventions collectives, la facilitation des licenciements, de nouveaux impôts, de nouvelles privatisations pour assurer un excédent primaire d'au moins 1,8% du PIB l'an prochain.
Aussi, Décembre a été marqué par deux grandes grèves, celle du secteur public suivie d’une grève générale.
Dernière nouvelle : les Institutions ont décidé d’entamer un bras de fer avec le gouvernement grec au prétexte que, dans le cadre de l’austérité imposée, il veut malgré tout rétablir quelques mesures sociales symboliques. Du coup ils suspendent les mesures d’allégement de la dette grecque, le grand cheval de bataille de Tsipras !
Qu’adviendra après les fêtes, l’Eurogroupe doit à nouveau se réunir le 23 janvier après la deuxième évaluation ?
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