Vie en Grèce

Vie en Grèce

19/10/2013 : Le chagrin et la pitié

Après six mois d'arrêt le blog reprend.

 

Que s'est-il passé en Grèce pendant ces six mois ?

 

Les évènements ont tournés autours de quelques axes classiques :

 

La corruption de l'appareil d'État.

 

36 personnalités politiques dont un ancien ministre sont accusés d'enrichissement personnel.

Des biens non déclarés dans la famille d'un ancien ministre des finances ! Quel hasard !

M Venisélos, Ministre des Affaires Etrangères, partisan et acteur du tour de vis pour les grecs se fait construire un nouveau bureau pour la modique somme de 700000€. De quoi s'offrir un petit palace.

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A propos de palace, l'Emir Qatar vient d'acheter une île grecque située en zone protégée ne lui permettant pas de construire un palais. La loi va être modifiée pour lui permettre de l'édifier.

 

A propos du tourisme, la répression s'est accrue cet été contre les touristes en ravivant l'interdiction du camping sauvage et faisant fuir des touristes qui apportaient une petite contribution à l'économie locale. La Grèce ne veut plus de ces touristes, elle mise sur le tourisme de luxe comme celle de l'Emir et dépense des fortunes pour réhabiliter ou réaliser des installations de haut luxe, argent qui serait peut-être mieux placé ailleurs.

 

100 millions d'euro en liquide ont disparu de la comptabilité du PASOK, parti dirigé par Venisélos le ministre des affaires étrangères !

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Quand aux hommes politiques, ils n'osent plus se déplacer sans être entourés d'une myriade de policiers, au cas où … !

 

 

 

La mine d'or de Skouries.

 

Tout le monde ne connait pas cet énorme scandale qui est tellement gros qu'il en est presque incroyable.

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Une mine d'or en Chalcidique a été vendu à une société canadienne pour le dixième de sa valeur par l'Etat grec. Il fallait brader le patrimoine pour faire rentrer de l'argent. Voilà comment se conçoit le politique : le « tout de suite » au détriment de l'avenir.

 

Cette société pour son exploitation capte une bonne partie de l'eau de la région et les habitants apprécient peu, surtout les agriculteurs.

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En échange, elle leur reverse du cyanure dont une bonne partie est rejetée à la mer et les habitants apprécient peu.

 

Pour optimiser son exploitation, elle a décidée travailler à ciel ouvert. Pour cela il lui faut détruire une énorme forêt et les habitants apprécient peu.

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Dans son extrême bonté elle a promis de reboiser à la fin de l'exploitation c'est-à-dire que dans trente ans elle replantera des arbres qui mettront trente ans à pousser !

 

Elle a donc commencé l'abattage des arbres avant même d'en avoir la propriété et les habitants apprécient peu. Aussi ont-ils manifesté et on leur a envoyé la police anti-émeutes.

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Un attentat a eu lieu dans la mine détruisant du matériel.

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La forêt leur a été finalement vendue par la mairie qui en était propriétaire pour un euro. Une indiscrétion dans l'entourage du maire a permis d'expliquer cette transaction : le maire a été soudoyé par la société canadienne en échange d'embauches pour des membres de sa famille. Minable, non ?

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Les conditions de vie et de détention des étrangers légaux et illégaux.

 Nea Manolada est une région qui produit des fraises. Ce sont des travailleurs étrangers qui sont surtout employés. Environ deux cents de dernier ont réclamé à un exploitant leur paye qui n'avait pas été versée depuis six mois. Quel outrage !

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 Ils ont été reçu à coups de feu, il y a eu des morts et une trentaine ont été blessés.

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Quid de tout ça ?

La police anti-émeute est venu porter main forte aux exploitants (ce terme paraît très pertinent !).

Devant le scandale, les tireurs présumés ont quand même été déférés à la justice.

La Grèce reçoit des subventions pour empêcher le passage des étrangers en Europe. Nul ne sait ce qu'il est fait des sommes versées.

Pendant ce temps là les étrangers illégaux sont arrêtés et détenus dans des camps dont celui d' Amygdaleza où s'est produit un soulèvement sévèrement réprimé par la police. Cette dernière est accusé aussi bien dans les camps que dans les prisons de pratiquer la torture et l'arbitraire. Certains ne se gênent pas pour comparer à la dictature des colonels. D'autres parlent de camps de concentration.

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Rappelons un extrait d'un discours du premier ministre Samaras cité par OkeaNews : "Les immigrés sont les tyrans de société grecque".

 

La violence policière.

Outre ce qui se passe dans les camps d'internement et dans les prisons, la police est envoyée à toutes les sauces. Toute manifestation d'opposition aux mesures du gouvernement est violemment réprimée.

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Le feuilleton de l'Aube Dorée.

 

L'Aube Dorée se comporte comme un mouvement paramilitaire jouissant d'une impunité et d'une complicité institutionnelle depuis quelques années. Elle n'est pas sans rappeler la Main Noire dans l'Amérique latine de jadis ou les barbouzes français. N'hésitant pas à assassiner comme ce fut le cas pour le chanteur-rappeur ni à déclarer devant la caméra que les assassinats continueront, elle a pu opérer des opérations comme le blocage de la frontière avec l'Albanie pendant une heure le 2 septembre en toute impunité.

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Mieux, il lui arrive de faire le travail de la police parfois sans que les autorités ne s'en soucient ou d'opérer des actions de « ratissage » devant la police qui ferme les yeux. Ils sont sans conteste une option envisageable pour le gouvernement actuel si ce n'est de la troïka.

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Ils peuvent parler à la télévision sans contradicteurs et faire ainsi leur propagande en toute impunité.

Le président de la chambre de commerce et d'industrie à Athènes déclarait que "l'Aube Dorée fait le sale boulot du gouvernement" et que "la classe politique est moins critique envers l'Aube Dorée en privé qu'en public" (Source OkeaNews).

Pourquoi alors ce dernier revirement du gouvernement ?

 

L'Europe commence à s'inquiéter de la montée de l'extrême-droite et elle a pris racine en Grèce. Or le premier janvier 2014, la Grèce va prendre la présidence tournante de l'Europe pour un an. Et là elle se doit de montrer bonne figure et donner l'exemple d'un modèle de pays démocratique. Aussi ne soyons pas étonné que le premier ministre Samaras ai déclaré que la Grèce est "un bastion de stabilité et de sécurité dans une région qui est complètement en flammes". Et l'allié du moment fait bien mauvais effet !

 

Aussi on décide d'arrêter la tête de l'Aube Dorée et de lui trouver des motifs d'inculpation. Déjà une loi contre le racisme devait être votée il y a quelques temps mais elle a vite avortée. Le gouvernement est plus prompt à réagir aux ordre de la troïka qu'au désordre de l'Aube Dorée.

 

Il faut bien voir que ces arrestations sont symboliques, elle visent l'opinion publique européenne et ont pour effet de donner une bonne image de la Grèce en vue de la présidence.

 

Remarquons au passage qu'après avoir bien toléré les exactions des amis que sont l'Aube Dorée, les mêmes n'hésitent pas à les traiter comme des malpropres. Quelle reconnaissance !

 

Mais ne nous inquiétons pas, une partie de la justice grecque est à la botte du pouvoir et quand elle ne l'est pas on la piétine. On ne s'attend pas à ce que l'Aube Dorée ai bien du soucis à se faire.

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Tout le monde n'est pas dupes !

 

Le feuilleton télévisé.

 

Le problème de la télévision grecque dont tout le monde a entendu parler est la conjonction de plusieurs facteurs.

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Tout d'abord, la télévision a toujours été un des lieux privilégiés où sont casés les planqués de la corruption politique. Chaque député ou ministre récompense ses meilleurs soutiens par la distribution de planques dans la fonction publique et entre autre au sein de la télévision. C'est un des arguments officiels du pouvoir mais il ne tient pas la route car il aura fallu faire pareil dans d'autres secteurs s'il avait voulu agir contre la corruption.

 

Il y a d'abord une répression contre les média pour faire taire toute opposition. Après la divulgation de la liste Lagarde par Kostas Vaxevanis, une répression violente s'est abattue sur les « mauvais » journalistes et « mauvais » médias. Il a été inculpé, des radios ont été fermées, des journalistes menacés (vous souvenez-vous quand Sarkozy avait téléphoné au journal Libération pour le menacer de lui couper les subventions ?) et des pressions exercées dans le monde de l'information.

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A cela s'ajoute également le désir de privatisation des services publiques. Une télé remise à neuf se bradera mieux !

D'autre part, la Troïka avait demandé la suppression de 15000 postes de fonctionnaires. Samaras avait un peu trainé avant de se décider à prendre cette mesure impopulaire. C'est quelques jours avant l'arrivée des inspecteurs de la troïka chargés de vérifier l'application des mesures que Samaras annonce la fermeture de la télévision publique ce qui correspond à peu près au licenciement de 15000 personnes. Hasard des nombres ?

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Notons que la troïka réclame aussi la suppression de 12500 poste dans la fonction publique en 2014.

 

Tiens, profitons en pour parler de ces inspecteurs de la troïka, vous savez ceux qui disent que les grecs ne payent pas leurs impôts (Mme Lagarde en est dispensée). OkeaNews nous indique que « le gouvernement grec a préparé une disposition d'exonération fiscale, spécialement dédiée au personnel de la troïka (EU, BCE, FMI). Ainsi, le personnel de la troïka, en particulier ceux qui vivent en permanence en Grèce, ne seront pas tenus de faire des déclarations fiscales comme les Grecs. » Quand à ceux qui ne sont pas permanents, ils bénéficient également d'avantages consentis par le Ministère des Finances.

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Les tentatives d'occupation et de remise en route par le personnel évincé ont été réprimées. Des personnalités comme le philosophe Etienne Balibar sont montés au créneau. Rien n'y a fait si ce n'est que le gouvernement grec s'est un peu plus ridiculisé.

 

Une nouvelle télévision pâle est en train de naître. Les grecs n'ont plus à leur disposition que des télévisions privées dont les programmes aux heures d'audience sont aussi affligeants que ceux ds télévisions françaises. Et dire que la télévision aurait pu être un merveilleux instrument de culture !

 

 

Les mesures d'austérité.

 

Petit recherche stupide. Me souvenant que François Mitterand lors de sa première campagne électorale avait dit que la pression fiscale qui était de l'ordre de 45% en France était trop élevée et qu'il fallait la diminuer, j'ai vouloir savoir où l'on en était et comment se situait les différents pays d'Europe à l'heure actuelle et en autre la Grèce.

 Aussi, je cherchais un comparatif de la pression fiscale dans les pays d'Europe (http://paiecheck.com/2013/05/12/comparaison-de-la-pression-fiscale-en-europe/). Et bien pour la Grèce, ces données ne sont plus communiquées depuis les mesures d'austérité. D'après les explications, c'est le pays qui ne les fournit plus mais pourtant la troïka devrait les connaître puisqu'elle encadre les organismes grecs de statistique !

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Ceci dit, qu'elles sont les nouvelles mesures.

 

C'est d'abord le redéploiement de 15000 fonctionnaires. Qu'est-ce ? 15000 fonctionnaire vont être prévenus que d'ici 2014 ils seront payés pendant une période (6 mois je crois) à 70% de leur salaire sans activité et pendant cette période ils pourront être appelés pour une activité qui n'est pas forcément leur activité initiale et seront alors réintégrés dans la fonction publique et s'ils ne sont pas sollicités, ils sont tout simplement virés !

Fonctionnaires français, prenez-en de la graine, c'est le moyen qu'ont trouvé les gouvernants grecs pour virer de façon anticonstitutionnelle des fonctionnaires dont l'emploi est garanti.

Les listes des futurs redéployés sont actuellement en train d'être dressées.

 

Maintenant qu'en quelques années les salaires ont été baissé d'environ 45%, le code du travail aboli et plus de minimum garanti, il n'est plus possible de s'attaquer aux sources de revenus.

Nouvelle tactique : s'attaquer aux biens acquis.

Non seulement on a pris sur ce que le citoyen grec touche, maintenant c'est sur ce qu'il possède.

 

La Grèce est resté longtemps un pays rural et ce n'est que récemment qu'elle est passée au stade urbain. La plus part des habitants des villes ont des racines rurales et ont des biens ruraux, héritages de famille. La plus part des grecs sont propriétaires de quelque chose, le taux de propriété est un des plus élevé d'Europe.

 

Voilà la nouvelle tactique en discussion actuellement : des impôts fonciers nouveaux en vue après la réactivation d'impôts pratiqués par l'occupant turc (karadzi).

Dans mon désir de modeste contribution à ce brave gouvernement, j'en propose quelques uns : un impôts sur les toitures en tuiles, un autre sur les façades en bois, un autre sur les façades crépies, un autre sur les volets en bois et je laisse l'imagination se débrider.

Le forfait hospitalier a été porté à 5€ pour les soins en hopital de jour et à 25€ pour le reste. Il pourrait être encore relevé.

 

En attendant et grâce aux mesures d'austérité pratiquées, la dette continue à augmenter.

 

 

 



19/10/2013
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