Vie en Grèce

Ce dimanche 20 juin était à Athènes un jour de manifestation contre les accords de Prespon concernant le nom futur de la FYROM, pays voisin.
Les premiers commentaires (Skaï TV) font éat d’une « marée humaine ». Rien d’étonnant, les précédentes l’étaient et les grecs n’ont pas changé d’avis. Pour le gouvernement, qui lui non plus ne change pas d’avis, ce sont des nationalistes et des fascistes. Il suffit de regarder les images de la télé, de considérer la masse pour se rendre compte que ce sont les grecs moyens qui sont dans la rue et non des activistes d’extrême-droite.

Les agriculteurs se sont même mis de la partie en coupant la route vers Skopje pourtant bien gardée. Dans toutes les villes de Grèce, il y a eu des manifestations de soutien. Ça ferait un nombre incommensurable de fascistes comme le gouvernement surnomme les manifestants.

La manifestation a commencé à 14h avec une place de la Constitution pleine à craquer. Une heure à peine après, vers 15h, la police a attaqué à coup de lacrymogène pour dégager la place. La pluie a parachevé le tout. Des incidents ont eu lieu entre cagoulés et police et il y a eu des blessés.

En tout état de cause, malgré la dispersion chimique et celle des éléments, c’était un grand succès. Pendant que ces incidents se déroulaient, la télé d’état Ert1 faisait état, non de la manifestation de masse mais des cérémonies officielles sur le lac frontalier aux deux pays lors de la signature des
accords entre Tsipras et Zaef, son homologue de FYROM. Provocation mesquine !
Quel est donc le fin fond du problème macédonien en Grèce ?
Tout d’abord, il faut noter que deux cris du cœur se sont mélangés : un cri de haine contre ce gouvernement honnis comme celui des gilets jaunes et un autre contre ces accords.Que prévoient-ils ? La FYROM prend le nom définitif de « Macédoine du Nord », sa langue nationale devient le « macédonien » en échange de quoi la Grèce ne bloquera plus son entrée dans l’OTAN et dans l’UE.

Bref en apparence rien de bien extraordinaire. Mais pour en arriver à ce stade, bien des magouilles ont eu lieu. D’abord des pressions américaines puis des pressions de l’UE qui comme on le sait a accordé un prêt à la Grèce. Facile dans ce cas de faire des pressions. Non seulement l’UE est celle des 26-27 selon qu’elle parviendra à casser le Brexit, mais c’est aussi celle qui développe une volonté impérialiste à savoir récupérer les débris de l’empire soviétique pour construire une Europe qui s’étendrait jusqu’à l’Oural. C’est le sens de sa politique ukrainienne et des sanctions contre la Russie.
La FYROM a organisé un référendum chargé de valider l’accord entre elle et la Grèce. Le oui l’a emporté mais avec une participation faible ce qui n’a pas autorisé la validation. En effet, c’est un domaine qui n’intéresse pas les diversités ethniques du pays. Alors il a fallu recourir au vote
parlementaire dans lequel une partie des députés ont été achetés.

C’est alors au tour du parlement grec de ratifier et c’est pour bientôt. En attendant, pour compter ses chances, Tsipras a organisé un vote de confiance où il a obtenu 151 pour sur 300. Merkel était venue à Athènes auparavant pour conforter son poulain. Pour obtenir ces 151 voix alors que son parti très
discipliné peut en assurer 145, six se sont dévoyés, pour quelle raison ??? Par contre l’opposition qui pour la cause s’est unie à fait un score de 148. Mais l’opposition n’est pas très remontée, autrement qu’en façade, pour la cause macédonienne. Elle a peur de faire tomber le gouvernement
actuel ce qui précipiterait les élections qu’elle emporterait certainement mais elle aurait la tâche de terminer le sale boulot, elle préfère laisser Syriza le faire avant d’être aux commandes.

En quoi le nom de Macédoine est-il si important pour le grec moyen ? Il faut savoir que le royaume de Macédoine de l’antiquité est actuellement découpé en trois parties, la moitié à peu près se trouve en Grèce avec pour capitale Théssalonique, une petite partie au nord-est en Bulgarie et le reste en FYROM.
Le problème a pris racine dans la Yougoslavie de Tito. Dans la fédération yougoslave, la Macédoine était une province pauvre et Tito lui envisageait comme destin de devenir une république indépendante réunifiée sur la trace du feu royaume de Macédoine de Philippe II avec comme capitale Thessalonique. La machine à propagande a été activée et c’est bien rentré dans les cervelles.
Après l’éclatement de la Yougoslavie, la jeune république de Macédoine s’est retrouvée en difficulté. Pays sans beaucoup de ressources, composé d’ethnies différentes, il fallait un ciment pour essayer de resserrer le bon peuple autours de son gouvernement. L’idéologie y était, il ne restait plus
qu’à l’activer et l’exacerber.
Ainsi, ce pays est devenu irrédentiste et sa constitution donne pour objectif de la nation la réunification de la Macédoine par « tous les moyens ». En même temps, il fallait « macédoiniser » l’histoire du pays.
Alors qu’il y a une continuité historique et linguistique entre la Grèce actuelle et la Macédoine de Phillipe II et que la majorité de la gloire historique de la macédoine s’est déroulée dans la portion située dans la Grèce actuelle avec Alexandre le Grand et les monuments de Verginia, la FYROM est
constituée de peuplades d’origines slaves installées relativement récemment et d’autres sans rapports avec la grécité.
La FYROM s’est alors approprié une gloire historique qui n’est pas la sienne en se revendiquant comme les descendants de Phillipe II et d’Alexandre le Grand promus héros national.
Lorsque qu’un pays s’approprie des reliques antiques prises dans un autre pays que le sien, on peut trouver ça scandaleux. Lorsqu’il y a plagia d’une œuvre littéraire, c’est condamnable. La violation du droit d'auteur est comnamnée.
Alors est-il normal que les grecs n’acceptent pas l’appropriation de leur histoire de façon illégitime ?

Il ne reste aux grecs après tant d’austérité que la douleur du présent et la gloire du passé. Faut-il la
leur enlever ?