Vie en Grèce

Vie en Grèce

06/02/2016 : Retour des agriculteurs.

Le lendemain de la journée de grève générale du 4, des journaux en première page, annoncent que c'est la première fois qu'il y a autant de d'écho à une grève générale.

Le 5 donc, sont revenus les agriculteurs à Thessalonique bloquant la circulation dans le centre, d'abord dans un sens puis dans l'autre.

En général ils ont été bien reçu par la population. Certains se sont énervés contre eux et il y a eu d'âpres discussions mais pas de bagarre. Les agriculteurs restent sereins.

La veille, ils avaient essayer d'arracher le portail d'entrée du Ministère et de le forcer avec un véhicule puis un tracteur.

 

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Ils ont, il y a quelques jours, reçu le soutien d'une icône nationale de la résistance.

Manólis Glézos qui pendant l'occupation allemande a à la barbe des allemands a dérobé le drapeau nazi en grimpant au sommet de l'Acropole.

 

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Il fait partie comme Théodorakis de la légende grecque et des héros nationaux.

Aujourd'hui très âgé, il avait applaudi l'arrivée de Syriza et de Tsipras.

Il y a quelques jours il est allé au devant des agriculteurs et s'est excusé auprès du peuple grec d'avoir soutenu Tsipras. Une belle baffe pour ce dernier !

 

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Lors des manifestations du 4 Février, l'occasion m'a été donné de rencontrer un communiste accompagné de son grand ami d'extrême droite, tous deux d'un âge certain. Des discussions en perspective comme on peut s'en douter entre deux conceptions différentes. Pour le second Crisi Avgi est un parti national respectable, des fascistes pour l'autre. Par contre plane toujours l'ombre de la guerre civile et c'est ce qu'ils redoutent l'un comme l'autre.

 

L'occupation nazie tout comme la guerre civile est toujours présente dans la pensée des grecs comme un traumatisme. La rigueur de l'occupation nazie, la guerre civile et la dictature occupent toujours les pensées des jeunes comme des vieux.

 

Parmi quelques jeunes rencontrés leur avenir est peu reluisant. L'une après des études brillantes à l'université de Thessalonique est serveuse dans un bar. Un autre, Docteur en statistiques d'une université anglaise, est depuis quatre ans serveur dans un petit restaurant avec une amertume compréhensible. Un autre est avocat, ses charges ont doublé depuis le premier janvier (2000€ par mois). En grève comme beaucoup depuis le début de la nouvelle année, il vit (mal) grâce aux revenus de sa compagne, licenciée reconvertie momentanément dans le service dans un bar (400€ mensuel avec des semaines bien lourdes). Actuellement, bien des commerces ferment et quand ils sont remplacés c'est par des café ou des snacks.

D'autres distribuent des prospectus pour 3€ de l'heure avec 2,40€ journaliers de frais de déplacement en bus.

Entre parenthèse, le prix du ticket de bus vient d'augmenter à Athènes et seulement à Athènes de 20 cents passant de 1,20€ à 1,40€.

Le ministre des transports s'en est justifié en disant que ce n'était pas une augmentation des tarifs mais que c'était du à l'augmentation de la TVA. Il n'y aurait donc pas d'augmentation de TVA en dehors d'Athènes ?

Entendre des arguments d'une aussi mauvaise foi c'est d'autant plus désolant qu'on avait misé sur l'honnêteté de la part de Syriza. La déception est cent fois plus grande de leur part mais on s'aperçoit de plus en plus qu'il n'y a pas de frontière entre eux et leurs prédécesseurs même si on essaye de leur chercher des excuses.

 

Quand Pétain a signé l'armistice, certains de bonne foi, pensaient que c'était pour essayer d'adoucir le sort des français face aux exigences de l'occupant et ça pouvait se comprendre un temps. La suite a été claire.

Tsipras annonce que le but de sa politique est d'adoucir le sort des grecs face à la rigueur imposée par le quartet. En attendant, ND qui avait été décapitée et qui s'est dotée d'un leader incolore monte en peu de temps en flèche au point d'apparaître comme la relève alors que la majorité du gouvernement s'érode de plus en plus.

 

Une autre politique était jouable. Démissionner en disant « Nous n'imposeront jamais aux grecs après la victoire du Non l'austérité. ». L'opposition aurait été chargée de former un gouvernement et de faire la sale besogne. A la fin du nouveau mémorandum que cette dernière aurait accepté à la place de Syriza, ce dernier aurait été grand vainqueur des élections pour un nouveau démarrage hors austérité.

En attendant Syriza aurait ferraillé ferme au parlement dans une opposition active car ayant presque la majorité (sans coalition avec ANEL), gardant ainsi sa virginité et se créant une aura grandissante.

 

Quelle occasion manquée mais … !

 

Samedi 6 les agriculteurs bloquent la plus part des routes du Nord-centre et Est.

D'autre part, ils bloquent la nationale Thessalonique-Athènes mettant la capitale en état de siège. Ils ont coupé la Grèce en deux !

La situation est mauvaise pour ne pas dire critique pour un gouvernement qui est sous pression de toutes parts. Intérieure avec en plus la grève depuis plus d'un mois (justice, avocats, divers administrations, …) conjuguée à l'agitation des agriculteurs et la présence du quartet hypersceptique sur les réformes présentées et en attente de leur aval, avec les réfugiés à caser quand les banques chassent de leurs demeures les grecs endettés des « prêts rouges », extérieure avec le risque d'exclusion de l'espace Schengen. Aucune perspective en vue !

 

Dernières nouvelles :

Les agriculteurs se sont aussi attaqués à la grande distribution. Ils ont pulvérisé de la paille dans un Lidl.

 

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A Nikaia (ville à mi-chemin entre Thessalonique et Athènes), les agriculteurs ont décidé de rejeter tout dialogue avec le gouvernement (prévu pour mardi prochain) et de bloquer ports, douanes, aéroports, routes secondaires et en fin de semaine descendre occuper Athènes pendant deux jours.

 

Les médias se sont emparés d'une vidéo montrant 7 policiers qui ont manifestés leur mécontentement pendant la manifestation du 4.

 

 

Rubrique corruption :

Régulièrement sont dénoncés les placements de faveurs. Sont révélés ces derniers temps les cas suivants :

 

Le secrétaire l'organisation de jeunesse de Syriza Orestis Schinas-Papadopoulos (31 ans) a placé sa famille à des postes importants son frère Jason Shina-Papadopoulos au bureau du premier ministre et sa mère au ministre de la Santé.

 

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Kostas Arvanitis, directeur de la radio de SYRIZA « Radio Kokkino », un ami proche du Premier ministre, a placé sa femme qui a été nommé au ministère du Travail et sa fille est devenue secrétaire du ministre Spirtzi.

Les voici en famille.

 

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08/02/2016
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