08/11/2016 : Hypocrisie générale
Le CETA a été signé avec 4 jours de retard à cause de la Wallonie qui a fait de la résistance. Comble : les signataires sont se sont réjouis et ont découvert les vertus de la démocratie en Europe car pour finir « le bon sens » l'a emporté. Lorsque la Wallonie a bloqué, ils ont du dans leur for intérieur, maudire la démocratie et lorsque la Wallonie a cédé ils en ont fait l'éloge. Mais qui ? Les signataires bien sûr dont plus de la majorité ne sont pas « démocratiquement » élus et c'est bien là le comble !
Maintenant l’entreprise canadienne, Eldorado Golden Hellas, va pouvoir, après la Troïka, mettre à genoux le gouvernement grec.
Comme expliqué dans les articles précédents, Eldorado Golden Hellas qui exploite pour son compte une mine d’or en Chalcidique a été mis en activité minimum par le gouvernement Tsipras. En effet, elle procédait à une pollution monstrueuse en déboisant massivement de grands espaces et rejetant des produits extrêmement toxiques comme de l’arsenic dans ses effluents qui ravinaient les sols et terminaient leur course dans la mer, privant aussi les agriculteur de l’eau dont elle était devenue forte consommatrice.
Depuis plusieurs années, de nombreux échauffourées se sont produits entre police, partisans de l’exploitation et opposants soutenus par Syriza.
Grâce à la signature du CETA, cette entreprise pourra attaquer l’État grec et le faire condamner à de très fortes amendes et contribuer à son naufrage.
On nous explique que le CETA est un accord très positif, et l’argument principal (tellement risible) est que l’on pourra (pas moi mais la France) vendre notre Roquefort librement au Canada. Comme si la croissance du pays allait s’envoler grâce au Roquefort. En contrepartie, et les officiels ne nous le disent pas, on sera envahi par de la viande industrielle remplie d’éléments surajoutés dont des produits cancérigènes et perturbateurs endocriniens à partir de bestiaux qui ne voient pratiquement jamais la lumière du soleil, sont en cage, engraissés par des aliments artificiels et remplis d’antibiotiques, de la viande aseptisée à l’eau de javel et je vous en passe. Les avantages sont minces à côté des inconvénients mais on nous le passe sous silence. Question : à qui profite le crime ? Quels sont les bénéfices dont jouissent les politiques qui ont procédés aux négociations ultra secrètes pendant 7 ans ?
Pourquoi, s’il n’y avait rien à craindre d’un « bon accord » l’évolution des négociations au cours du temps n’a-t-elle pas été mise sur la place publique ?
Après ce petit détour européen, revenons à la Grèce.
Nous avons déjà évoqué dans l’article précédent la dégénérescence de la politique en Grèce où chacun traite l’autre de fasciste et quand on en arrive là c’est qu’on est au fond d’une impasse.
Tsipras, dans cette optique a fait nommer Président du Parlement un membre de la Nouvelle Démocratie dont les propos habituels sont proches de ceux d’Aube Dorée de façon à déstabiliser le parti de droite. La bassesse prend le pas sur tout.
Le 02/11 les retraités ont touché leurs retraites complémentaires mais avec une baisse de 50€ pour la plus part. Cette diminution est rétroactive à compter du mois de juin. Ce mois-ci le prélèvement porte sur octobre. Au cours des mois prochains commencera le rattrapage ce qui veut dire 100€ de moins pendant 4 mois c-à-d jusqu’en février 2017 après quoi ce sera à nouveau les 50€ de moins mensuellement. Syriza souhaite ainsi un joyeux Noël et une bonne année aux retraités.
Ainsi un retraité qui touchait 270€ touche ce mois-ci 216€ net. Les mois suivants avec le rattrapage du à le rétroactivité, il touchera 166€. À partir de mars 2017 il reviendra à 216€.
Aussi les retraités ont-ils hurlé dans la rue et brûlé la lettre d’explication jointe.
Rappelons que les pensions avaient déjà diminué avec les mémorandums précédent et vont subir une nouvelle baisse allant de 20 à 40 %. Les différentes caisses de retraites vont fusionner en une seule.
Ceux qui comptaient partir à la retraite après le 12/05/2016 ne pourrons pas le faire. Ils devront partir à 67 ans et toucheront un émolument amputés de 53 %. Vive le socialisme syrizien !
Le 5 décembre, l’Eurogroupe doit prendre une décision concernant la dette de la Grèce. Schäuble s’oppose à toute révision de la dette grecque. De toute façon, l’attitude de la Grèce y sera jugée en fonction du vote des mesures régressives que le gouvernement doit entériner. On peut s’attendre à de nouvelles manifestations et une série de lois négatives.
Ça fait le jeu de la droite qui remonte en flèche dans les sondages et creuse l’écart avec Syriza.
Un sondage donne Nouvelle Démocratie à 42%, ΣΥΡΙΖΑ à 18%, Aube Dorée à 8 %, Coalition Démocratique 8 %, Parti Communiste 7,5 %, Potami 2,5 %, La route de la liberté (intraduisible) 2,5 %, ANEL 2 %, Union du Centre 2 % les autres (ensemble) 7,5 %.
Nous constatons, outre la chute de Syriza, le côté inaudible de toute opposition de gauche.
Les mises aux enchères hebdomadaires des biens de ceux qui ne peuvent payer leurs dettes, continuent à être perturbées et ne peuvent avoir lieu. C’est avec le slogan de Syriza du temps où cette dernière était dans l’opposition que ces perturbations se font : « aucune maison aux mains des banquiers ».
Le journal britannique « Guardian » révèle qu’en raison du prix du fioul, la hausse des microparticules polluantes à Thessalonique a augmenté de 30% en 2013 tandis qu’à Athènes, les analyses ont montré que les habitants de la capitale ont brûlé des portes, des fenêtres et même des déchets de poubelle pour se chauffer. « Des traces d'arsenic et de cadmium ont été détectées », écrit le Guardian.
Cet hivers sera-t-il aussi terrible ?
De façon a se présenter au mieux vis-à-vis du prochain Eurogroupe dont Tsipras attend une inflexion concernant la dette qui lui permettrait d’essayer de redorer son blason depuis la demande du troisième mémorandum qui n’a rien rapporté de positif au citoyen grec lambda, il a procédé à un remaniement ministériel.
Dans ce dernier, les ministres critiques sont déplacés ou remplacés. De nouveaux entrants, plus jeunes, apparaissent. Surtout, ils sont considérés comme plus « techniques » et à priori mieux vus par les européens. La surprise réside dans la quasi absence de femmes. Le gouvernement actuel reste un gouvernement essentiellement masculin.
Les nouveaux arrivants ont prêté serment, une partie religieusement (10 dont 6 d’ANEL) devant la bible, les autres devant la constitution seulement.
Le gouvernement attend avec impatience la venue le 15/11 de Obama et espère un soutient. Malheureusement pour la Grèce, il n’aura plus aucun poids autre que symbolique car on connaîtra déjà son successeur.
L’OCDE, à qui Tsipras avait demandé de lister les blocages et de proposer des solutions pour relancer la machine étatique et économique, a recensé 356 obstacles à la compétitivité en Grèce. Le ministre du Développement Giorgos Stathakis a souligné que ça "exige un effort gigantesque pour les mettre en œuvre … et contribuer ainsi à la sortie de l'économie grecque de la crise", ajoutant que les domaines concernés touchent le commerce électronique et de gros, la construction, la production et les médias.
La dette devant revenir sur le devant de l’actualité, Zoé Konstantopoulou, ancienne présidente du parlement, a décidé de lancer la reconstruction de la « Commission de la vérité pour la dette » dont les travaux avaient été arrêtés et les documents gelés. Il s’agit de l’ouvrir au citoyen dans un débat démocratique.
Lundi il y avait une manifestation devant le Ministère de la Macédoine (peu de monde). Ils ont essayé de brûler le drapeau européen. Manque de chance, ce dernier était fait dans une sorte de nylon et bien qu’arrosé de white-spirit il ne voulait pas prendre feu, se contentant de fondre aux endroits que la flamme touchait.
J’ai lu dans différents documents que l’idée de la sortie de l’euro et de l’Europe prenait de l’ampleur. Ce n’est pas ce que je peux constater.
Le gros du problème pour les grecs est le danger réel ou supposé que représente la Turquie. Les grecs restent profondément marqués par un certain nombre de traumatismes culturels. Ça va de l’occupation ottomane jusqu’au 20° siècle. Entre autre, la défaite de 1920, le génocide des grecs de Turquie, l’invasion allemande, la guerre civile, l’invasion d’une partie de Chypre. Il faut voir aussi que la Grèce fait partie aussi de l’histoire des Balkans et de par la religion d’État a des liens forts avec les Serbes et Russes. Il faut voir de même que Thessalonique, il y a un peu plus de 100 ans était sous le joug ottoman.
Depuis plusieurs années, les relations avec le voisin turc se sont pacifiés et l’entrée dans l’union Européenne à l’époque où s’est faite, signifiait entrée dans le monde de la modernité, la Grèce quittant le statu de nation « sous-développée » tout comme l’Italie, l’Espagne et le Portugal. Ça signifiait aussi entrée dans un monde pacifié ou la guerre n’avait pas lieu d’être ce qui demandait un effort envers les allemands dans lequel ils se sont volontiers engoufrés. Ça signifiait aussi une garantie de défense de la part de l’Europe en cas d’agression extérieure dont la menace s’effaçait avec le temps.
Aussi, les relations avec le voisin turc se sont pacifiées avec simplement quelques provocations de violation d’espace aérien ou maritime.
Cependant et il devient difficile de ne pas en tenir compte, l’évolution du président turc Erdogan depuis quelques années, particulièrement depuis l’échec du coup d’état, ses propos, deviennent inquiétants.
En effet, en même temps qu’il veut tourner dans son pays la page du kémalisme (et entre autre celle de la laïcité) il a remis en cause le traité de Lausanne qui a défini les limites de la Grèce et de la Turquie après la défaite du premier.
Il a notamment déclaré : "A Lausanne, nous avons abandonné à la Grèce des îles qui se trouvaient à portée de voix. Est-ce une victoire ? Ils ont essayé de nous duper en nous faisant croire que Lausanne était une victoire." Il a rajouté « Ceux qui siégeaient à cette table n'ont pas fait ce qu'il fallait avec ce traité. Nous en subissons aujourd'hui les conséquences ».
Ses interventions télévisuelles se font avec comme fond la carte de l’empire ottoman.
Les grecs, comme beaucoup, sont inquiets devant Erdogan, dictateur en puissance, guerrier dans l’esprit et dans la pratique, actuellement en guerre côté Syrie et islamiste convaincu. De quoi donc inquiéter et particulièrement ses voisins.
Les intellectuels français qui pensent à la sortie de l’Euro pour la Grèce en calculent aussi le coût. Ils pensent que les premières années seront difficiles mais que globalement la Grèce reprendra et s’en sortira vite grâce, entre autres, avec l’arme de la dévaluation, pratique qu’elle entretenait dans le passé et qui ne la déservait pas.
A l’heure actuelle, les pratiques économiques montrent, bien que ce ne soit pas des lois économiques, que si l’on privilégie une monnaie forte, on rentre dans le cycle du chômage, de la rigueur, de la croissance en berne et de la déflation. Au contraire, un choix de dévaluation profite à la compétitivité, à la baisse du chômage et à la croissance. Dans un cas comme dans l’autre on reste dans l’augmentation des inégalités mais le deuxième choix procure les moyens de les réduire.
Le deuxième cas suppose la sortie de l’Euro et dans le cas de la Grèce, la disparition de la dette et de son poids mais aussi le non respect des traités européens avec comme conséquence son exclusion de l’Europe, c’est-à-dire la fin de la sécurité territoriale.
Quand le grec dort, comme les chats, il a un œil tourné vers ses frontières. Il n’a pas digéré que lors de la crise des migrants, la Turquie ait touché 8 milliards d’Euro de la part de l’Europe alors que la Grèce n’a reçu qu’avec bien des difficultés, que quelques centaines de milliers d’Euro alors que les difficultés se situaient sur son territoire. Il se souvient, bien que l’invasion de la partie nord-est de Chypre ait été condamné, bien que cette occupation n’a été reconnue par aucun état, que l’occupation continue.
Il se souvient aussi que lors de la guerre civile yougoslave et de l’éclatement de cet état, l’Europe a été incapable d’intervenir et d’y mettre fin.
Aussi, sorti de l’Europe, la menace turque attisée par Erdogan, pourrait se traduire par des annexions, certes probablement condamnées mais non effaçables. La Turquie a une armée face à laquelle la Grèce n’est pas en mesure de faire face et se ferait avaler sans problème. La FYROM de son côté revendique la Macédoine grecque. Aussi, la sortie de l’Euro fait peur aux grecs et on peut le comprendre (comprendre ne veut pas dire adhérer). C’est un point que nos intellectuels occidentaux négligent complètement ! Eh oui, la Grèce est aussi orientale !
Aussi l’adhésion à l’idée de la sortie de l’Europe, même pour le plus désespéré des grecs me paraît assez difficile à concevoir et c’est ce qui a fait en partie le malheur de Syriza.
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