01/02/2015 : Après la fête, le réalisme.
Les grecs ont voté pour le changement le 25/01, ce n'est pas moi qui vais vous l'apprendre.
Nous avons bien bu, bien rêvé, bien commenté et même nous nous sommes posés quelques interrogations.
Maintenant il faut revenir sur terre.
Les grecs n'ont pas votés pour une solution. Ils ont voté pour dire qu'ils en avaient marre.
Qu'est-ce qui a changé depuis ? C'est le style, le représentant de la troïka se fait recevoir poliment comme un malpropre, les engagements précédents sont rejetés mais tout le monde le savait, il n'y a pas de surprise. La bourse a chuté, mais tout le monde le savait. Jusque là rien de nouveau, de la fausse surprise et de l'embarras, de quoi donner du grain à moudre aux médias.
Les grecs qui ne sont pas si fous que ça, en même temps qu'ils donnaient mandat à Tsipras, retiraient le maximum de liquidités dans leurs banques.
Résultat, les banques n'ont quasiment plus de liquidités, les salaires et pensions de Janvier ont pu être payées. Le pays n'a même plus la possibilité d'imprimer sur son territoire de la monnaie.
Mais rien n'a changé, les derniers 7 milliards de la Troïka ne seront pas versés. Tsipras a beau jeu de dire qu'il n'en veut pas, ça ne lui coute rien d'autre que de la popularité car ils n'auraient pas été versés, la contrepartie étant trop lourde (baisse de s retraites salaires, licenciement de fonctionnaires etc …). Même Samaras avait peur de cette contrepartie trop explosive !
Plutôt que de s'entendre refuser cette somme, c'est plus glorieux de dire « on n'en veut pas ». Mais rien en change, c'est juste la manière !
A la fin du mois de Février, le gouvernement doit assurer le versement des retraites et salaires, peut-être en plus révisés à la hausse (pour tenir ses promesses).
Et si le problème ne se pose pas en Février, il se posera alors en Mars. En effet, le système n'a pas changé, le libéralisme fait toujours sa loi dans le monde et le grand risque est qu'il n'y ait pas de rentrée nouvelle d'argent sans prêt donc sans conditions drastiques forcement.
Le journal La Tribune affirme que la Grèce dispose de deux mois de liquidités tandis que Les Echos affirme que la Grèce est « aux abois ». C'est sous leur responsabilité mais les journaux se sentent-ils vraiment responsables. Qui peut-on croire maintenant, mon cher Monsieur ?
En plus, aujourd'hui même, de nouvelles et violentes inondations viennent de toucher la Grèce.
L'État grec va devoir faire face à ce nouveau fléau et ça va couter cher !
Le nouveau gouvernement veut financer tout ça en grosse partie par la lutte contre l'évasion fiscale et une fiscalité plus juste. Bravo mais ça ne rapporte pas du jour au lendemain et c'est du jour au lendemain qu'il faut des rentrées ! Et encore, personne ne sait vraiment comment lutter contre l'évasion fiscale. Ce n'est pas la liste Lagarde (qui a mystérieusement disparue) qui va tout résoudre. Tsipras le sais et a même dit au sujet des armateurs qu'ils risquaient de s'installer au Panama.
Quand à imposer le clergé, ce n'est pas demain la veille.
A propos de ça, je rappellerais une anecdote que j'ai signalé dans le blog en son temps. Je disais à un grec « Pourquoi ne pas imposer les richesses de l'église, » A quoi, il me répondait « Impossible, ce serait la révolution ! » A quoi je lui répliquai « Et lorsqu'on vous baisse les salaire de 30% ce n'est pas la révolution ? ». « Ce n'est pas comparable ! » me confia-t-il. Et il faut bien comprendre qu'ici, la religion est sacrée, l'église jouit d'une haute notoriété et la laïcité sera difficile à mettre à l'ordre du jour. Mais ce n'est à l'ordre du jour immédiat.
Tsipras a l'arrogance de sa victoire avec lui, le volontarisme, la pugnacité et l'esprit de résistance mais il n'a pas le temps avec lui.
En face, des magouilleurs, de beaux parleurs, des enjôleurs, qui ont tout leur temps pour eux. Et malgré les nuances qui pourront apparaître, ils se soutiennent mutuellement. Le temps est leur grande arme.
Quelqu'un peut-il voir une issue ? Samaras reste à l'affut, pour lui Syriza ne sera qu'une brève parenthèse et il croit à son retour.
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