04/02/2015 : La dette, quelle dette ?
Connaissez-vous le système (interdit en France) de la pyramide.
On vous donne une liste de 5 noms et adresses. Vous envoyez 10€ au premier de la liste, vous le supprimez de cette même liste et vous vous placez en fin de liste.
Vous envoyez cette même liste à 5 de vos connaissances susceptibles de faire comme vous et vous leur indiquez la marche à suivre.
Eux vont faire pareil et quand vous arrivez en première position sur la liste, cette dernière s'est fortement démultipliée. Aussi vous êtes censés recevoir quantité de billets de 10€.
Malheureusement, basé sur un modèle mathématique rigoureux, le facteur humain intervient. Il y a des réticents, des réfractaires et d'autres qui tentent.
Tôt ou tard ça se « casse la gueule » pour reprendre une expression bien connue. Certains auront gagnés, d'autres auront perdu 10€. C'est peu et un risque à courir.
Conclusion.
Imaginons que 1000 personnes aient investies 10 € ce qui fait 10000€ de base, au départ chacun disposait de 10€ et au final moins de 1000 personnes se partagent toujours les 10000€ mais d'une autre façon.
Ainsi l'argent n'a pas créé d'argent supplémentaire mais la répartition de cette somme a changé. Certains de 10€ passent à 0€, d'autres à plus.
Qu'est-ce qui a changé et motivé le jeu : l'espoir de gain. Pour certains il s'est envolé pour d'autres il s'est réalisé mais encore une fois la masse globale investie n'a pas changé, c'est sa répartition seulement. Il n'y a surtout pas eu création de richesse mais enrichissement de certains en échange d'appauvrissement d'autres.
Pourquoi parler de ça ?
Passons aux banques qui manient de l'argent.
Une banque n'est banque que parce que certains ont décidé qu'elle pouvait jouer ce rôle. Il est moins aisé d'ouvrir une banque qu'une poissonnerie. Elle a l'obligation d'avoir en actif un certain pourcentage de ce qu'elle peut utiliser. Par exemple 30%.
Ainsi une banque peut disposer de 100 millions si elle en a 30.
Aussi quand elle prête à un état 70 millions, elle ne prête rien du tout. Elle lui donne une caution comme quoi son avoir est reconnu aux yeux de tous comme augmenté de 70 millions. Le pays est alors autorisé à faire imprimer de la monnaie papier pour une valeur de 70 millions à son profit.
Tout ce système repose sur un ensemble de contrats, de règles de bienséance et de respect mutuel qui n'a d'autre fondement que de faire perdurer le système suivant ses propres règles.
En réalité, tout est plus complexe, il y a beaucoup d'imbrications dans lesquelles il est complexe de rentrer mais le principe est là.
Mais en cas de dénonciation et de non respect, tout ce système qui repose sur du vent peut s'effondrer. La dette c'est quoi ? Du papier des engagements moraux dans un système immoral, surtout du vent. C'est bien pour ça que le maitre mot dans la bouche de tous nos dirigeants est : respecter les obligations.
On peut le violer. Certains pays l'on fait. Par exemple, la Slovénie en 2007, année où elle a pris la présidence tournante de l'Europe pour 6 mois, est passé à l'euro malgré l'opposition de l'Europe qui le lui avait refusé. Personne ne l'a poursuivi ! Mais dans l'ensemble le système perdure.
Ainsi, si une organisation visait à mettre un grand coup de pied dans le système de la dette, elle deviendrait l'ennemi public numéro 1.
Dans une dette, il n'y a toujours pas création de richesse mais illusion, une richesse virtuelle sous forme de papier monnaie et comme toujours une modification de la répartition de la richesse présente, plus de riches et appauvrissement d'autres. L'austérité devient le moyen de passage d'une main à l'autre pour engraisser des charognards.
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Charognards ai-je dit !
L'union européenne est placée sur le système de la solidarité. Quelle solidarité et pour qui ?
(Dans la suite les données numériques ne sont pas exactes, elles ne sont fournies que pour illustrer le propos).
Les banques des pays européens empruntent à la BCE au taux de 1% et prêtent à la Grèce à 15% parce que les agences de notations l'ont noté peu fiable. Pourquoi peu fiable puisqu'elle est insérée dans un ensemble solidaire qui est l'Europe ? Pas de réponse !
L'Allemagne et la France, elles ont droit à un taux de 4% parce que mieux notées.
Les banques françaises et allemandes se gavent donc sur le dos de la Grèce. La solidarité, comme pour le jeu de la pyramide, c'est l'enrichissement des uns au détriment des autres.
Tout ça a fait que la Grèce s'est endettée de 321 milliards d’euros et pour 53 milliards auprès des pays européens solidaires.
Et la France me diriez vous ? 4923 milliards.
Et nos amis les allemands ? 2.147 milliards d'euros
Montant de la dette européenne ? 10 635 milliards
Que représente le poids de Grèce dans l'économie européenne ? 2% du PIB de la zone euro.
Et sa dette ? 0,0003% de la dette européenne !
Et on les fait chier pour ça ? Où est le problème ? Là où on a focalisé qu'il doit être !
La dette pourrait être résorbée par la solidarité européenne.
Qu'est-ce que la solidarité européenne ?
C'est le Luxembourg qui organise les paradis fiscaux c'est-à-dire ces mécanismes qui comme dans le jeu de la pyramide ne crée pas de richesse mais en modifie la répartition.
C'est l'Angleterre !
C'est le Bénélux avec la Belgique qui est un paradis fiscal pour les français.
C'est le Portugal qui accueille tous les étrangers qui s'installent chez lui et les dégrève d'impôts.
Et apothéose, c'est l'ancien premier ministre luxembourgeois, créateur des paradis fiscaux dans son propre pays qui est le Président de cette Europe solidaire.
Alors question : solidaire de quoi ?
De la magouille, de l'hypocrisie ?
La dette concrètement.
Dans la longue histoire des états, aucun état n'a pu échapper à la dette. Que l'on pense à l'endettement des américains lors de la deuxième guerre mondiale pour l'effort de guerre, à celui de la France qui s'est jetée dans la première guerre du golf sans que l'on dise après : « il faut payer » et bien d'autres cas similaires, tout ça a été résorbé sans que l'on se pose de question. Et même, posons nous des questions sur le Japon : pays dynamique, ruiné par un cataclysme qui a provoqué une catastrophe écologique non épongée à l'heure actuelle et qui coute chaque une fortune à ce même état. Sa monnaie, le Yen, pourrait devenir demain une nouvelle monnaie internationale d'échange. C'est d'ailleurs elle qui au départ était pressentie au lieu de l'euro.
Vous y comprenez quelque chose ?
Aucun état n'a jamais pu échapper au problème de la dette et n'y échappera. Pour investir il faut s'endetter.
L'économie et la finance, comment ça marche ?
Le capitalisme a pris une nouvelle forme appelée libéralisme.
Une des référence du capitalisme est M. Keynes. Sa vision était plutôt celle du capitalisme à visage humain et c'est pour cela qu'il est très en odeur de sainteté dans les gauches classiques.
Certains définissent le capitalisme par la loi de l'offre et de la demande. Ce n'est plus le cas puisque, vous l'avez vu, il y a quelques temps le prix du pétrole s'envolait, non pas parce que la production ou la consommation avaient changé mais parce que les marché avaient peur et c'est ainsi que ce traduisait leurs craintes. Du coup, tout était prétexte de peur.
On a dit que le capitalisme c'est l'économie de marché. Vrai et faux. L'économie de marché existe depuis très longtemps, avant l'invention du capitalisme. Que l'on songe à la route des Indes pour le marché des épices avec ses comptoirs et ses foires ! Le capitalisme s'est emparé de l'économie de marché et surtout en a usurpé le nom. L'économie de marché n'est ni socialiste ni capitaliste. Elle est économie de marché et peut s'intégrer dans le système que l'on veut.
Même les marxistes se sont laissés prendre au piège. Quand Lénine a fait la NEP, on a dit qu'il réintroduisait un part de capitalisme. C'est faux, il autorisait une économie de marché dans un cadre d'une planification socialiste. On nous dit que Castro II introduit du « capitalisme » lorsqu'il autorise les petites entreprises. Il introduit de l'économie de marché sans plus.
La notion d'économie a évolué avec l'avènement progressif de la mondialisation et de la financiarisation.
L'économie ne s'appuie plus sur les entreprises traditionnelles. Elle tourne autours des entreprises labellisées. Celles qui ont une dimension internationale et côtées au patrimoine des Bourses.
Ainsi les entreprises de petite taille ou moyenne ne trouvent pas beaucoup de considération auprès de la finance ni de nos gouvernants.
Par exemple, le gouvernement français ne va pas se casser la tête pour Moulinex. Pour Aréva oui ! S'il y a manifestation d'intérêt pour la première, c'est juste par intérêt électoraliste. M. Hollande lorsqu'il va en Chine se trimballe avec le haut gratin de la finance. Ce n'est pas pour vendre le marché du petit électroménager.
La notion même de marché a changé. Grâce à l'OMC, organisation qui gère de façon occulte le marché mondial, elle n'en cure du marché du cuir à Millau.
Pour nos néo-économistes, le vrai marché c'est la vente de centrales nucléaires, de barrages, d'usine de fabrication de voitures, d'usines agro-alimentaires , etc … c'est-à-dire des trucs monstrueux. Voilà l'économie pour eux. Celles qui génère des contrats faramineux.
Le monde des petites et moyennes entreprises devient du virtuel à leur yeux et n'a quasiment pas le droit de citer.
Toutes ces mégalo-entreprises sont gérées pour dégager le maximum de profit pour une caste d'administrateurs à la recherche d'une seule chose : le max de bénef.
Et si leur rente diminue ou n'augmente comme ils le veulent, ils retirent immédiatement leurs capitaux et vont les placer dans des secteurs plus juteux, et ce, même si l'entreprise est viable, en expansion et bénéficiaire !
Ainsi l'outil industriel, le seul digne de ce nom pour eux, est bazardé au gré des fantaisies de quelques « homme d'affaires avides ».
En attendant, il reste des petits producteurs rackettés par une nouvelle race d'entreprises que sont les grandes surfaces.
Ceux-la posent problème à nos politiques qui se doivent de les défendre pour être élus et qui n'en ont rien à foutre. On y reconnaît parfaitement l'attitude de Hollande.
Seule mesure de la bonne santé des pays à l'aune de nos agences de notations, LEURS critère et l'économie qu'ils voient à travers leurs prismes.
Pour les grecs Il y a donc deux économies. L'économie mondialisée, celle de nos agences de notation, des financiers et de l'OMC. Celle qui s'affiche à la bourse et pour 80% de la population ils en rien à foutre des fluctuations de la bourse, ça ne les concerne pas.
En effet 80% des grecs vivent de la production agricole familiale et/ou du petit commerce.
Dans les marchés, très nombreux en Grèce, comme dans les supermarchés, on vous vend des produits LOCAUX qui ont du goût contrairement à ces putain de tomates du Maroc (rien contre le Maroc lui-même).
Il est affligeant de voir dans les villes des rues entières de petits commerces fermés. Les impôts que leur a imposé la Troïka les a tués.
Comment vivait la majorité des urbains non salariés ? La grand-mère gardait le commerce jusqu'à ce que le petit-fils revienne de l'école ou de l'université. Il prenait le relai jusqu'à ce que le chef de famille revienne du boulot pour continuer. Le magasin est un lieu de conseil et de convivialité. Quand le temps s'y prête, on installe dehors une table et des chaises et l'on discute et boit le café avec le voisinage, les amis et même les clients. Par exemple, tu vas chez le coiffeur et on te propose un café. Trouves ça en France ! Tu veux des conseils sans acheter, on te les donne avec plaisir du fait que tu aies consacré de l'intérêt à la boutique.
Eh bien la plupart de ces magasins qui assurait tant bien que mal la vie de nombreuses familles sont fermés.
Et c'est ça la vie de la majorité des grecs ! Et c'est cette économie qu'il faut en premier restituer. C'est une économie qui est vitale, qui fait vivre les citoyens mais qui n'est pas comptabilisée dans les PIB et Cie. Mais c'est l'économie réelle !
Un pays qui ne produit quasiment rien au niveau des sciences économiques (à part de la Féta) et qui importe pratiquement tout peut vivre en fait mais pas suivant les critères de nos experts. La Grèce de la décennie des années 80 vivait heureuse et elle était comme décrit ici. Démonstration est faite que l'économie de survie existe et permet de vivre mais n'est pas reconnue par nos savants. Deux mondes, un réel et un virtuel qui ne voit pas l'autre et exige d'entrer dans sa folle logique. Peut-on y échapper ?
Réforme ou révolution ?
En France où l'on a une vision autre, la gauche de la gauche imagine que les grecs vont se ruer vers l'autogestion des entreprises et la remise en route collective de celles qui ont fermé.
Il faut arrêter de rêver !
C'est déjà un poids excessif pour les familles de remettre en route la petite échoppe en reconstituant le stock dont on s'est débarrassé, remettre en route les locaux abandonnés. Au mieux on arrivera à vendre le local sans trop y perdre. Plus rien n'est vendable !
Et les banques sont les banques, elles ne prêtent qu'à ceux qui ont de l'argent et il n'y a pas de banque nationale d'investissement pour le petit.
Syriza a été élu, c-à-d choisi par un mouvement pacifique.
Comment alors faire des réformes de profondeur ?
Si un mouvement social fort avait accompagné l'arrivée de Syriza au pouvoir, on aurait pu penser à des réformes radicales.
Par exemple, la police anti-émeute qui n'a jamais cachée ses sympathies nazies et qui a joui d'une autonomie sans faille, comment la réformer ?
Le nouveau gouvernement ne peut se permettre de la dissoudre livrant ainsi au chômage nombre de fonctionnaires. Ça serait contraire à ses promesses.
Peut-on alors espérer une reconversion ? Transformer des néo-nazis en bienfaiteurs d la société civile ?
Si Syriza était arrivé au pouvoir porté par un mouvement social, il n'y aurait eu aucune difficulté à dissoudre ces forces anti-émeutes.
Il en va de même pour les entreprises responsables de la crise, Siemens et Cie …, on aurait pu les nationaliser et y instaurer l'autogestion.
Mais non, il s'agit d'une stupide élection !
Alors que peut-on faire ?
Une politique social-démocrate seulement. Au lieu de l'autogestion, la cogestion.
Décréter que dans chaque entreprise les travailleurs aient un contre-pouvoir vis-à-vis du Conseil d'Administration, un rôle de surveillance pour éviter qu'une entreprise viable soit fermée.
Et puis s'attaquer à la fonction publique en la rationalisant. Vaste programme qui prendra un temps fou si elle aboutit ! Là encore impossible de virer les incompétences et miser sur leur reconversion relève du mythe !
Souvenons-nous que nombre de fonctionnaires ont leur palce, non par capacité personnelle mais essentiellement par piston comme le système grec l'autorisait.
Bilan probable de Syriza ?
Laissons le commencer !
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