Vie en Grèce

Vie en Grèce

11/03/2015 : Réalisme ou bidon.

On apprend que l'ancien ministre des finances, Gikas Hardouvelis, a transféré près d'un demi million à l'étranger. C'est vrai qu'il était bien placé pour connaître l'état du pays dans lequel l'avait plongé son gouvernement. En tout cas la crise n'était pas pour tout le monde !

 

Le gouvernement Tsipras est passé au crible en ce moment.

Vue de France, Syriza apparaissait comme LE parti modèle. Tout le monde voulait voir en lui ce qui était le leitmotiv de Tsipras : l'espoir. Aujourd'hui les choses se décantent la réalité apparait un peu plus au grand jour. Après l'illusion, la moins illusion . Il en va de même avec Podemos en Espagne, en Amérique Latine avec les scandales des gouvernements de gauche …

 Tout au long de l'année 2014, Samaras nous a parlé d'un excédent budgétaire primaire. Ça a été la grosse farce, il est apparu que c'était une erreur de comptabilité, que c'était bien réel, bref ça a été un imbroglio qui servait de propagande pour la sortie du mémorandum que Samaras espérait faire avec les honneurs. Personne n'a su si c'était une fiction ou non. Pour beaucoup c'était uniquement de la propagande mais on n'en a pas la moindre preuve.

A l'heure actuelle, le gouvernement qui ne sait toujours pas si ce fameux excédent budgétaire primaire existe fait comme s'il existait. Les médias qui l'année précédente en doutaient, font comme s'il existait. Ça arrange tout le monde de croire qu'il existe car la situation, d'après certaines fuites pertinentes, est plus que jamais catastrophique. Pour le grec moyen les distributeurs bancaires fonctionnent normalement alors qu'il n'y aurait plus de liquidités. L'état ne serait peut-être pas en mesure de payer ses débiteurs et se contenterait de verser salaires et retraites.

Le pays est étranglé par l'Europe. « L’étau qui se resserre autour de la gorge de la Grèce » dit la gauche de Syriza.

La troïka a été chassée par la fenêtre, elle revient en force par la porte depuis l'accord Grèce-UE du 20/02/2015. Les grecs ironisent.

 

Une émission à grande audience de la chaîne Méga a été consacrée à la situation grecque lundi 09/02. Des invités de tout horizons et d'un commun accord, la Grèce espère un compromis honorable "έντιμο συμβιβασμό" pour tous sans sortie de l'Euro.

Une sortie de l'Euro ne pourrait se faire que par une expulsion, ce qui semble impossible, ou une suspension de fourniture de crédit. Il faudrait alors organiser un référendum ce qui n'est pas pour l'instant à l'ordre du jour.

D'un avis général aussi rien n'a changé d'un iota depuis le 25 janvier. Aucun mieux n'est apparu et l'attente commence à peser. L'espoir en ce gouvernement reste toujours. D'après les sondages des élections législatives actuellement donneraient une majorité encore plus grande et donc absolue à Siriza.

 

On nous dit que la Grèce a deux atouts, le tourisme qui va rapporter des devises et un gouvernement stable. Le tourisme, ce n'est pas sûr avec la reprise du tourisme dans les pays arabes (Tunisie, Maroc, Egypte) qui sont meilleur marché.

De plus, le gouvernement Tsipras est en difficulté. Sa majorité n'est que relative. C'est le fruit de l'alliance du diable et elle ne sera que conjoncturelle. Elle ne tiendra que tant que le Grèce achoppera avec l'UE. Peut-être alors que la politique intérieure dicte la politique extérieure. Pour conserver l'alliance faut-il engager une guérilla avec l'Europe ?

C'est la politique menée par Varoufakis.

Lorsque ce dernier indique comme mesure pour faire rentrer la TVA qu'il va faire appel à des amateurs et à des touristes pour piéger les fraudeurs, il y a de quoi se pisser de rire.

Comme c'est un homme intelligent, je pense qu'il ne s'agit pas plus que de provocation envers la « Troïka » (que dorénavant j'appellerai le Triumvirat) et particulièrement pour irriter le Schäuble qu'il, je pense, déteste profondément et qui le lui rend bien. Ça n'empêche pas les poignées de main conventionnelles. Il est vrai que ce Schäuble n'a que mépris pour cette bande de jeunes morveux grecs.

Une guérilla va naître entre gouvernement grec et UE jusqu'en juin. Le problème est l'argent dont la Grèce a un besoin urgent depuis un mois. Chacun va essayer de démontrer qu'il met de la bonne volonté mais que c'est l'autre qui met de la mauvaise volonté.

Le gouvernement a fourni à l'UE conformément à sa demande, une liste de sept réformes qu'il entend mettre en œuvre mais on ne sait pas trop quoi, c'est assez flou. Et ça doit le rester car si l'UE recule en privé, il ne faut pas que l'opinion publique le sache pour ne pas entamer son image de marque d'intraitable et le gouvernement grec a besoin que l'UE soit perçue ainsi. Après dans les coulisses on peut s'arranger.

Ainsi en cas de rupture puisqu'on ne sait pas qui va craquer le premier, chacun pourra accuser l'autre d'avoir provoqué la rupture.

 

Tsipras a quand même une corde, non seulement au cou, mais aussi à son arc.

Nous savons que l'Europe est en guerre larvée avec la Russie à propos de l'Ukraine que cette dernière voudrait faire rentrer dans son giron pour ses richesse (parmi elles, il y a Tchernobyl !).

Tsipras peut toujours menacer de créer des liens économiques avec la Russie en cas de rupture et de lui demander des aides financières ou s'adresser à la Chine. Ce serait faire rentrer l'ennemi de l'Europe dans son propre territoire et dans une zone stratégique convoitée par l'OTAN

L'UE a l'arme de la BCE mais aussi des faiblesses. En cas de rupture avec la Grèce, l'image consensuelle et protectrice de l'UE s 'effondrerait : on met à la porte les mauvais élèves. Et puis ça pourrait donner des envies à d'autres pays de partir. Il y a déjà depuis quelques temps des réticences populaires envers l'Europe. On ne sait pas quel tour ça peut prendre dans l'avenir !

L'Euro sans unité monétaire deviendrait caduc. Il est déjà en ce moment en difficulté devant le dollar. Ce serait peut-être même la fin de l'Euro et par là de l'Europe protectionniste de ses membres. L'Europe aurait beaucoup à perdre d'une rupture à moins qu'elle veuille se saborder.

 

Le gouvernement Tsipras est instable. Il va perdre sous peu son aile gauche, peut-être pas par scission dans le parti ce qui n'est pas à exclure mais au parlement. Les députés de la gauche de la gauche vont quitter la majorité, la coalition avec ANEL peut aussi se rompre et Tsipras se retrouver minoritaire.

Par un remaniement ministériel il peut éliminer les ministres frondeurs mais déjà le KKE qui a une faible représentation parlementaire mais une force dans la rue organise réunions sur réunions pour essayer de récupérer l'insatisfaction naissante.

Il n'est pas inconcevable que dans l'avenir Syriza gouverne avec la Nouvelle Démocratie et qu'éventuellement se recrée entre eux deux un nouveau bipartisme.

 

Moralité : un gouvernement bien élu peut être faible.

 



12/03/2015
2 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Politique & Société pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 32 autres membres