Vie en Grèce

Vie en Grèce

23-07-2015 : Trahison !

La Grèce doit payer en 2015 environ 19 milliards d'Euro au titre des intérêts de la dette. Avec un excèdent budgétaire estimé à 1,2 milliards si tant est qu'il existe (personne n'a pu avoir officiellement une approche des comptes de la Grèce et le nouveau gouvernement a laissé planer le flou sans opérer d'audit).

Comment donc honorer les dettes des prédécesseurs ?

Le nouvel accord (Mnimonio tria) porterait sur une aide de 80 milliards dont les deux tiers serviraient à payer les intérêts dûs au FMI puisque le FMI intervient actuellement jusqu'en 2016. La dette serait alourdie d'autant. De nouveaux intérêts à verser qui ne permettent en rien de gouverner correctement.

Comment donc pouvoir gérer un pays lorsque les caisses sont vides ?

 

A cela vient se rajouter d'autres effets pervers.

Le patrimoine national est soustrait au pays et mis entre les mains des créanciers qui vont le vendre paraît-il à leur guise jusqu'à hauteur de 50 milliards. Sa gestion va être confiées à une société dite indépendante (sous-entendu indépendante des grecs) dont on a dit (est-ce vrai ?) qu'elle était tenue par un ami de la Grèce, le bon Schaüble. Au départ elle devait opérer dans le pays de l'avant-garde de la fraude fiscale.

La gouvernance est aussi bridée, elle ne peut légiférer que sur des points autorisés par les créanciers.

 

Tsipras a trahi ses engagements autant que la victoire du Non aux élections précédentes.

Tsipras a trahi nos illusions mais nous ne sommes pas grecs et nous ne payons les conséquences de cet accord. Ce sont les grecs qui vont le payer.

Aussi ça nous est facile de se sentir trahi. A la limite nous nous sentons trahis à bon marché, ça n'a pas de répercutions sur nous. Si quelqu'un doit se sentir trahi, ce n'est pas nous mais les grecs et ce n'est pas sûr qu'ils le fassent. A en croire les sondages (dont je me méfie plus que jamais), ils feraient largement confiance à ce gouvernement

Si l'on en croit le récit des dernières heures qui ont précédé l'accord et rapportées par le journal « Le Monde », la capitulation avait eu lieu bien avant et il s'agissait d'en définir les termes de la virulence.

 

Tous les éléments de gauche-gauche en France ont été surpris au plus haut point par la virulence de cet accord et par la contradiction avec le mandat donné au gouvernement par le référendum.

Il faut bien comprendre que nous sommes très mal placés pour comprendre tous les enjeux et que beaucoup de choses nous dépassent. Nos schémas traditionnels ne sont pas adaptés à la Grèce.

Ce gouvernement ne fait que louvoyer depuis fin janvier jusqu'aux dates butoirs qui se situaient fin juin. Et nous y sommes !

 

Que peut-il se passer maintenant ?

Le gouvernement doit légiférer sur des lois régressives. Syriza Version2.0 a dans sa direction nationale plus de la moitié en opposition avec Tsipras mais au parlement environ trois quarts des députés dans la ligne Tsipras.

Tsipras au parlement va s'appuyer sur l'opposition pour faire voter des lois régressives. Son alliance avec ANEL risque d'en prendre un coup mais je pense qu'elle ne se rompra pas car Kaménos (ANEL) est trop arriviste pour songer à quitter le gouvernement.

L'opposition de gauche à Tsipras va-t-elle quitter le parti ? Ce n'est pas sûr, c'est elle qui estime être en phase avec ce qu' était Syriza lors de sa création et que ce sont les autres qui sont illégitimes. C'est un peu comme si les dissidents du PS en France se disaient être d'authentiques socialistes et que c'est aux libéraux du parti à quitter le navire.

 

Un coup d'état légal est possible. L'opposition réclame un gouvernement d'union nationale. Comme Tsipras doit s'appuyer sur elle pour faire voter les lois allemandes, il est sensible à leur pression. ND a toujours rêvé de reprendre les rênes du pouvoir. Il suffit de faire un coup à la Lukas Papadimous.

L'idéal pour Syriza aurait été que les élections se déroulent à la date prévue c'est-à-dire vers mai 2016.

En effet c'est le problème des élections présidentielles qui a précipité les législatives. Si Syriza avait accepté un candidat présenté par la droite, ça aurait été à  Samaras de gérer ce que fait Tsipras. Le résultat est que Tsipras a faire élire un président de droite qu'il avait lui-même présenté.

Samaras prétend avoir sollicité pour ce poste Kouvelis de la Gauche Démocratique et que ce dernier aurait réfusé. Kouvelis affirme que c'est faux. L'un des deux ment ! Lequel ?

En tout état de cause, dans cette hypothèse Syriza aurait voté Kouvelis et les législatives auraient eu lieu en 2016.

 

L'hypothèse avait été émise que Samaras, qui refusait de se plier aux dictats de la Troîka après avoir fait allégeance longtemps, ait voulu passer l'éponge et se soit suicidé politiquement pour mieux rebondir. Il escomptait une victoire de Syriza accompagnée d'une gouvernance de quelques mois et la fin de l'aventure par impossibilité de résister aux pressions de la troïka.

Cette hypothèse semble se confirmer. La gauche offensive n'a été que de courte durée.

 

Comment l'opposition actuelle peut-elle reprendre le pouvoir ?

Il suffit d'une crise pour que la Président de la République décide devant l'urgence et la gravité de la situation de changer de premier Ministre pour en placer un de salut national avec union sacrée autour. C'est l'idée qui pousse dans le pays, un gouvernement technique d'union.

Ce changement éviterait des législatives dans lesquelles les partis « propres » risqueraient de faire leur nid comme c'est arrivé pour Syriza.

En effet, il n'y a plus que deux organisations qui n'ont pas eu accès au pouvoir et qui sont opposés à l'austérité, le PC (KKE) et Aube Dorée.

 

Beaucoup d'intellectuels français ont misé sur Syriza. Eric Toussaint qui a été très impliqué dans la vie politique grecque veut encore y croire. Dans un article récent il donne des perspectives qui sont déjà dans le monde du virtuel. En effet la souveraineté nationale grecque est actuellement dissoute dans l'alcool de l'Europe à la Merkel.

Un cri positif et surprenant, celui de DSK ! Il parle de Dictat et comble du comble les média cette fois l'on relayé. Mais tout retombe comme un soufflet.

 

Parmi les nouvelles mesures imposées par l'Europe merkélienne, il y a l'augmentation de la TVA et j'aimerais profiter de l'occasion pour faire réfléchir sur cet impôt.

Profondément inégalitaire comme je l'avais signalé dans un article très ancien lors de la première augmentation de la TVA ordonnée par la troïka en son temps, cet impôt qui se cache sous le nom de taxe est parfaitement injustifié aussi bien en Grèce qu'en France. A nous à en demander son abolition.

En effet il s'agit d'une taxe sur la valeur ajoutée. Autant dire que le consommateur qui consomme, comme son nom l'indique, n'ajoute aucune valeur. Son droit premier en tant que consommateur est de consommer. Alors qui ajoute de la valeur entre le produit de base et sa mise à disposition de la clientèle ?

Ce sont tout bêtement les intermédiaires. Ce serait donc à eux qu'il conviendrait de demander de payer une taxe.

 

Mais comme ils ne sont pas motivés pour ça, il est plus facile de la faire payer au consommateur, ce crétin qui n'a plus rien à dire. Le vendeur la lui fait payer et la restitue aux fisc. Du moment qu'elle rentre ainsi le fisc se fout de l'équité. Elle rentre et c'est ce qui compte.

 

Mais c'est au consommateur, cochon de payeur de refuser cet impôt.

Quand va-t-on en demander une répartition aux niveau des différents intermédiaires ?

 

 

 

 

 



23/07/2015
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