Vie en Grèce

Dernière nouvelle, le bras droit du premier ministre Samaras, Panagiotis Baltakos a été pris au piège dans une vidéo en flagrant délit de copinage avec un député barbouze néo-nazi de l'Aube Dorée, Ylias Kassidiaris dans un dialogue sur des coups tordus. Il a du donner sa démission.

Sinon, la Grèce dort, la Grèce ronronne en attente des élections. En attendant le gouvernement travaille et détricote la machine.

Dans merveilleux coup de maître, il a fait voter le 31 mars et non le lendemain 1er avril, un paquet ( un paquet et non un paquet-cadeau), un paquet de 850 lois concernant tout et n'importe quoi allant de la dénomination du lait à la vente de médicaments en supermarché en passant par l'amputation de 40% des retraites secondaires auxquelles peuvent prétendre la majorité des grecs.

Mais la place Syntagma à Athènes n'a pas accueilli le peuple habituel qui manifeste contre les coups tordus du gouvernement.

Le lendemain l'œil de la Troïka étaient là avec le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble en fauteuil roulant venu surement faire bronzette.

Le 11 avril, c'est Merkel en personne qui vient.

 Rappelons que lors de son dernier voyage en Grèce, son portrait était partout sur fond de croix gammées. Nous verrons l'évolution !

Les grèves générales ont disparu de l'horizon. Quelques petites manifestations à droite à gauche, les universités fonctionnent, les cours ont lieu, les étudiants sont calmes, bref tout ronfle, la Grèce s'ennuie, le Grèce ronronne ! Que peut désirer d'autre le bon peuple que la paix et le calme.

Il faut se méfier de l'eau qui dort dit un proverbe.

Souvenons nous d'un fameux éditorial du journal Le Monde (15 mars 1968). Il disait de la France la même chose à une autre époque et l'atmosphère y ressemblait.

Voici quelques extraits :

« Ce qui caractérise actuellement notre vie publique, c'est l'ennui. Les Français s'ennuient. Ils ne participent ni de près ni de loin aux grandes convulsions qui secouent le monde, la guerre du Vietnam les émeut, certes, mais elle ne les touche pas vraiment. …....

De toute façon, ce sont leurs affaires, pas les nôtres. Rien de tout cela ne nous atteint directement …..

La jeunesse s'ennuie. Les étudiants manifestent, bougent, se battent … (dans le monde) … les étudiants français se préoccupent de savoir si les filles de Nanterre et d'Antony pourront accéder librement aux chambres des garçons, conception malgré tout limitée des droits de l'homme.....

Quant aux jeunes ouvriers, ils cherchent du travail et n'en trouvent pas.....

Heureusement, la télévision est là pour détourner l'attention vers les vrais problèmes : l'état du compte en banque de Killy, l'encombrement des autoroutes, le tiercé, qui continue d'avoir le dimanche soir priorité sur toutes les antennes de France.....

Seuls quelques centaines de milliers de Français ne s'ennuient pas : chômeurs, jeunes sans emploi, petits paysans écrasés par le progrès, victimes de la nécessaire concentration et de la concurrence de plus en plus rude, vieillards plus ou moins abandonnés de tous. Ceux-là sont si absorbés par leurs soucis qu'ils n'ont pas le temps de s'ennuyer, ni d'ailleurs le cœur à manifester et à s'agiter. Et ils ennuient tout le monde. La télévision, qui est faite pour distraire, ne parle pas assez d'eux. Aussi le calme règne-t-il......

Et à la limite, cela s'est vu, un pays peut aussi périr d'ennui. »

Pierre Viansson-Ponté