Vie en Grèce

Vie en Grèce

18/07/2015 : Qui veut la peau de Roger Tsipras ?

Nul n'ignore le nouveau mémorandum humiliant auquel est la Grèce, il n'est donc pas utile de revenir dessus

Il faut savoir que la Grèce doit verser en 2015 près de 20 milliards au titre d'intérêts de la dette alors qu'elle est cencée hériter en 2015 d'un excédent budgétaire de l'année précédente de 1,2 milliards dont personne n'est sûr de l'existence. Il a fait couler beaucoup d'encre l'an dernier.

Tsipras aurait hésité entre la sortie de l'Euro qu'une partie du gouvernement préparait (“Ensuite, je le répète, nous avons un Plan-B, par lequel, étape après étape, nous sortirons de la zone euro.”affirme kostas Lapavítsas, économiste et député Syriza (Plateforme de gauche) et ce dicktat.

Le même scénario que celui qui s 'était produit avec Papandréou semble se reproduire. Papandréou avait été viré comme un malpropre par les européens. Il semble que l'Europe veuille faire la même chose avec Tsipras : l'éliminer. Lui et son parti apparaissent mille fois plus dangereux que le social-démocrate Papandréou. Ces crétins ont la prétention de réveiller la démocratie de type classique, même pas la démocratie de type citoyen et c'est inconcevable.

 

Ce qui devient grave, et c'est Sarko qui l'a introduit en France, c'est le dévoiement du langage. Par exemple le terme de réforme qui avait jadis une signification bien précise est devenue synonyme de régression. La démocratie de type classique (gaulliste par exemple qui n'a jamais été une démocratie) a été dévoyée à plusieurs niveaux. Quand ce sont les dirigeants de l'Europe qui en parlent, elle est synonyme de dictat (voir l'accord qui a été soumis à la Grèce). Quand ce sont les politiques au pouvoir qui en parlent, c'est synonyme de clientélisme. Quand ce sont les intellectuels qui en parlent, c'est synonyme d'utopie. Mais tous prétendent agir en son nom et l'on ne sait plus ce qu'il y a derrière.

 

En décembre 2014 avant l'échec des élections présidentielles grecques, je parlais avec un groupe de ciotadins de la Grèce. J'avais déjà annoncé la possibilité que Syriza scissionne peu après sa victoire électorale. J'avais aussi présenté l'hypothèse que la gauche radicale au pouvoir ne soit qu'une brève parenthèse.

A l'époque ce tableau passait mal. En effet Syriza apparaissait comme le modèle de ce à quoi la gauche de la gauche française devait aspirer.

Or il faut bien voir ce qu'est vraiment Syriza. A cette époque je le présentait comme un fourre-tout et les médias commençaient également à le présenter comme un rassemblement difficile à concevoir pour nous.

J'irais plus loin en rappelant que c'est un rassemblement contre nature qu'il est quasiment impossible de concevoir en France : on y trouve des socialistes dissidents, des marxistes, des trotskistes, des staliniens, des anarchistes des maoïstes, des inclassables et des éléments qui sont contre tout sauf eux-même.

Tout ça s'est fédéré tout simplement pour pouvoir avoir une base parlementaire avec comme conception « s'opposer à tout » et bien entendu un financement public.

Sinaspismos en a été l'élément moteur et la composante principale. Son leader Alekos Alavanos a été dégommé par un jeune ambitieux du nom d'Alexis Tsipras.

Alavanos est sorti de Syriza pour former sa propre organisation.

Tsipras a eu le tour de force de maintenir le couvercle de la marmite Syriza. Pour cela il l'a personnalisé autour de son nom grâce à son charisme. Ça n'a jamais voulu dire qu'il a fait l'unanimité autours de lui, bien au contraire il s'est fait beaucoup d'ennemis et concurrents. C'est maintenant dans l'adversité que ça ressort.

Pour les médias qui aiment les raccourcis, Syriza c'est Tsipras. Et bien non, Syriza reste un chaudron brûlant.

 

Lors des premières élections législatives de 2012, la grande surprise a été de trouver Syriza en deuxième position derrière ND, dégommant le PASSOK et le KKE.

A partir de là, l'ambition de Tsipras a été de transformer sa formation hétéroclite en parti de gouvernement. Cela signifie arrêter l'opposition systématique pour faire des propositions. Or ce type de fonctionnement est contraire à la logique du rassemblement. Il faudra la faire bouger.

Première tâche : massifier l'organisation en la transformant de ramassis de groupuscules en parti de masse. Pour cela l'ouvrir à d'autres.

Tâche numéro deux : neutraliser l'opposition de gauche qui se situe toujours dans le refus systématique.

Tsipras est un homme d'appareil expérimenté puisqu'il a su pendant des années faire cohabiter l'impossible, jongler entre les courants tout en parvenant à se maintenir à son poste. Habile maître d'œuvre, il va faire rentrer des opportunistes qui cherchent à se recycler dans le sens du vent qui souffle. Ces derniers vont gonfler l'aile droite de son parti affaiblissant de fait numériquement son aile gauche.

Entrent en masse des transfuges du Passok qui ont signé les mémorandums précédents (1 et 2) mais qui ne pensent qu'à leur carrière politique : il faut caresser le poil dans bon sens. Il y a même des éléments de la bonne droite qui y rentrent sans vergogne. Ils y sont semble-t-il les bienvenus !

Tout récemment lors du vote du CC de Syriza concernant l'accord, l'ultra-gauche l'emportait de peu. En ce qui concerne les parlementaires actuels, Tsipras les a réduit à une portion congrue, 30 à 40, moins de la moité.

Il arrive ainsi à diminuer la part des ultra-gauche au profit de pro-européens.

L'éthique de Syriza s'effrite tout doucement, tout est bon pour préparer la prise du pouvoir.

Et, apothéose Tsipras est propulsé premier ministre.

Il jouit alors d'une aura nationale et inter-européenne. Il est propulsé au centre de la planète. Il fait vibrer les bourses mondiales.

Il délègue la grosse tête à d'autres, surtout à Varoufakis mais ce n'est pas le style des Eurogroupes et il finit par le comprendre très vite. Il garde le sérieux mais face à la réalité de la banqueroute qu'il est en train de voir s'installer, il doit capituler devant la hargne de ses interlocuteurs.

 

Son avenir est incertain.

Il peut démissionner, la parenthèse de gauche aura bien eu lieu. Les vielles magouilles reprendront. Stournaras, directeur actuellement de la Banque de Grèce, rêve de prendre la succession. Il s'était déjà illustré sous les gouvernements précédents comme ministre des finances et serpillère des créanciers avides. C'est un homme des banques. Il peut être investi sans élections. C'est un scénario qui est déjà dans les tuyaux comme on dit.

Il peut proposer de nouvelles législatives si l'accord lui en laisse la possibilité. Ça lui donnerait un deuxième souffle car ça éviterait une scission dans Syriza. En effet tout laisse penser que Syriza pourrait alors avoir une majorité écrasante, de quoi constituer une opposition virulente. Par contre ça n'empêcherait pas les lois liberticides d'être promulguées, il existe une possibilité de les faire passer en force comme en France. Mais Syriza se reconstruirait dans la tactique de l'opposition systématique.

Il peut aussi être détrôné par un coup d'état légal organisé par le Président de la République (de droite) qu'il a contribué à faire élire.

 

Syriza peut se scinder aussi mais l'ultra-gauche pense que ce sont eux qui sont les vrais représentant de ce parti et que ce n'est pas à eux à quitter l'organisation.

En marge de ces scénarios, revenons sur le rôle de notre Président.

Bien qu'ayant accaparé la sympathie des grecs, il n'en a pas moins joué la carte des banques et industries françaises.

En effet, il est demandé aux grecs de diminuer le budget militaire et le gouvernement grec a proposé de diminuer l'achat d'armement. Hurlement de la France et de l'Allemagne, il faut diminuer non l'achat d'armes mais les frais en personnels c'est-à-dire diminuer les salaires et le nombre de militaires.

Cela se comprend d'autant mieux que l'Allemagne et la France sont les principaux fournisseurs d'armes aux grecs.

 



17/07/2015
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