Vie en Grèce

Juste après la manifestation d’Athènes pour le problème du nom de l’ARYM, éclatait le scandale Novartis.

Novartis, fabricant de médicaments, qui n’est pas un enfant de cœur a arrosé beaucoup de monde pour faire vendre plus que de nécessité ses produits en Grèce. Elle s’était déjà fait pincer pour cette pratique aux USA avec une amende de 314 millions d'euros, en Suisse et en Chine avec une amende similaire de 25 millions d'euros. On voit donc bien comment elle se soucie plus de la santé de ses comptes que de celle des gens !
Jusque là rien d’autre que du classique sauf qu’en plus du corps médical impliqué on nous annonce une dizaines de « politiques » mouillés dont deux anciens premiers ministres de l’opposition qui se seraient vus remettre des « valises de billets ». Sarkozy ne serait donc plus seul !
Est éclipsée deux jours après la manifestation l’ampleur de cette dernière et le problème afférent ! On aurait voulu le faire exprès qu’on aurait pas fait mieux. C’est ce que certains disent.
Ces certains ce sont généralement les opposants au régime.
En effet, c’est l’opposition qui est touchée en son sein. Antonis Samaras (Nouvelle Démocratie), ancien premier ministre aurait reçu des pots de vin, Stournaras, ancien premier ministre et actuel directeur de la Banque de Grèce aurait reçu des pots de vin, Veniselous (PASOK), ancien bras droit de Samaras.
Les médias se gargarisent de ces noms qui sont jetés en pâture dans la manchette des journaux et sur les écrans de télé. Tout est dit, les témoins sont présentés comme plus ou moins foireux, des ambiguïtés sont mises en évidence.
L’opposition semble atteinte. La majorité aussi à cause de la démarche et des ambiguités. Le grec moyen qui a complètement décollé avec le monde de la politique qu’il haït plus que jamais se contente d’entendre, pas de réfléchir sur ce déchaînement.
Pour conclure sur cette affaire ou tout et son contraire a été dit, complot des uns ou des autres, la commission parlementaire après audition des dix décide de remettre l’affaire aux mains de la justice dont on l’avait extraite. Tout ça pour un retour au point de départ. Était-ce nécessaire ? A moins de vouloir enfumer.
Au cours de cette audition au sein du parlement, les paroles ont volé au raz des égouts. Tspras s’est fait traité de « générique » et de « livreur (de pizza) » pour ne pas dire serpillière des européens.
La boue a bien été remuée. La vérité apparaîtra un jour ou l’autre, ils ont été achetés ou ils sont innocents.
En sens inverse, l’opposition a subi son lot d’insultes avec entre autre celles du conseiller du Premier ministre, Karamanka, qui a lancé une attaque contre Antonis Samaras et a développé sa théorie du «centre-droit mafieux».



Les interprétations circulent, les européens et surtout les américains seraient derrière tout ça. Les premiers d’abord misent sur la réélection de Tsipras parce que c’est un bon « lèche-cul ». Et ils comptent sur lui pour régler rapidement le problème avec l’ARYM dont ils se foutent du nom futur mais qui permettrait à cette dernière d’adhérer à l’OTAN, étape préliminaire à son intégration européenne. L’Europe a pour ambition de récupérer les déchets du communisme pour barrer la route à la Russie et nouveau tsar Poutine. C’est aussi ces objectifs qui motiveraient le soutien de Trump à Tsipras. Plausible tout ça, vrai on n’en sait rien. Les secrets de la diplomatie secrète nous dépassent.

Et a resurgi le scandale de la petite Mélina décédée lors d’une banale intervention chirurgicale. Une enquête a été ouverte, les conclusions rendues mais depuis 2 ans et demi elles ne sont pas rendues publiques malgré les demandes des parents.



Oh surprise ! Parmi les médecins intervenants figure le cousin germain du vice-ministre de la Santé.
L'anesthésiste, Mme Nektaria Polakis, avait déjà été inculpée pour vol de drogue commis le 24 mai 2015 à l'hôpital universitaire d'Héraklion. Par enchantement, le vol a été requalifié plus souplement et une amende de 1321€ lui a été attribué.
Lors de l’enquête, cette dernière a été confiée à un anesthésiste, proche collaborateur du directeur du département d’anesthésie qui est aussi conjoint d'un député de SYRIZA.
Un beau cocktail d’apparence maffieuse favorable a l’anesthésie de l’enquête.

Fini Novartis, on a pris le dossier à la justice, on l’a ouvert, on l’a interprété et commenté puis rendu à la justice. On juste égratigné au passage à tort ou à raison du beau monde.
Mais les caprices de l’actualité, bien plus inquiétante, l’ont balayé.
Un incident autour d’un îlot rocailleux a occupé la une de tous les médias grecs mais malheureusement peu celle des européens.
En effet un navire turc a éperonné volontairement un navire garde-côte grec près d’Imia. Contrairement à ce qu’a dit une certaine presse française, ce n’est pas un îlot que se disputent les deux pays, c’est un îlot grec que lui a attribué le partage du traité de Lausanne (1923) qui a fixé les frontières de l’État grec et de l’État turc, donc un îlot européen. Le navire garde-côte grec avait d’ailleurs été financé par l’Europe. Comment a réagit l’Europe ?

Cet acte d’un pays irrédentiste a été précédé par des violations de l’espace aérien et maritime grec de longue date et depuis ces derniers sont en très forte augmentation.
Le président Erdogan ne s’est pas gêné pour affirmer son désir de reconquête du territoire grec que l’empire ottoman occupait jadis. L’armée turque intervient à l’extérieur de la Turquie vers la Syrie qu’elle aimerait bien « récupérer » mais y subit des revers. Elle menace également sur son front ouest où elle a déjà par le passé pratiqué des invasions (nord de Chypre).
Ses navires ont déjà perturbé les exploitations pétrolières au voisinage de Chypre. Elle s’en sont prise à un navire italien et l’exploitant a du renoncer à continuer ses recherches de forage.

En remettant en cause ouvertement le traité de Lausanne, Erdogan revendiqua huit îles grecques et la main mise qui va de pair sur la mer Égée ainsi que les ressources sous-marines y afférant.

Les grecs craignent une intervention en force des turcs contre la Grèce. Heureusement, disent-ils que nous faisons partie de l’Europe. Elle nous protègera !
Mais ils ne se rendent pas compte que l’Europe, dans un scénario d’agression de la souveraineté grecque, les Européens ne feront que protester et rien d’autre. Ils n’ont pas été capables de mettre fin à la guerre en Yougoslavie, ce sont les américains qui l’ont fait. Ils « baissent le froc » devant celui qui hurle le plus et Erdogan hurle et les provoque sans que cela ne les empêche de dormir. Il n’y a plus de direction politique européenne Mme Merkel depuis les dernières élections n’est plus rien d’autre qu’un nom sans pouvoir et Macron aimerait reprendre le flambeau. Mais c’est le sous-directeur sans directeur. Le président turc l’a compris.

Dans une déclaration récente, Erdogan a déclaré en faisant référence à l’empire ottoman et au traité de Lausanne : « Ceux qui pensent que nos cœurs n'aspirent plus aux terres que nous avons dû quitter en larmes il y a cent ans, ont tort …  Nous le répétons à chaque fois que nécessaire, la Syrie, l'Irak et bien d'autres lieux sur la carte n'ont pas moins d'importance dans nos cœurs que notre propre patrie. Nous luttons pour qu'aucun drapeau étranger ne flotte là où l'adhan (appel islamique à la prière dans les mosquées) est lancé … Ce que nous avons accompli jusqu'ici (est une pâle copie) des projets immenses et des conquêtes majeures (que nous projetons) dans les prochains jours, inshallah (Plaise à Allah). ».
Et en direction de Chypre et de la mer Egée : « Que ceux qui ont franchi la ligne en mer Égée et à Chypre, prennent garde … Leur courage s'évanouira à la vue de notre armée, de nos navires et de nos avions ... Qu'il s'agisse d'Afrin (que la Turquie a envahi récemment en Syrie du Nord), de la mer Égée ou de Chypre, nos droits sont les mêmes. Ne croyez pas que l'exploration du gaz naturel dans les eaux de Chypre et d'autres tentatives opportunistes en mer Égée nous aient échappé … Nos navires de guerre et nos forces aériennes surveillent de près la zone pour intervenir dès que nécessaire. » (extraits de https://fr.gatestoneinstitute.org/11924/turquie-envahir-grece de Uzay Bulut via le site diaspora-grecque.com ).

Les squats se taguent avec des inscriptions contre Coca Cola (Plus une goûte de Coca Cola, Amita, Fanta) et ceux qui ont délocalisés.

Les Bio.me continuent leur lutte 5 ans après malgré les menaces de coupures de courant. La ville deThessalonique est balisée d’affiches.



Il sont le noyau d’un film nouveau Next stop : utopia. Peut-être le verra-t-on au festival du documentaire qui commence ce week-end.

Le 19 février était le « Lundi propre » (équivalent du Mardi Gras des catholiques) où tout le monde se rue sur les produits de la mer. La veille, le repas maigre était constitué d’olives, halva, tarama avec du pain lagana que l’on fait spécialement pour ce jour et des haricots blancs.
Par contre le 8 février était le Jeudi fumet qui  qui ouvrait le Karem et signait le dernier jour pour manger de la viande. On faisait des brochettes dans la rue mais cette année pour la première fois c’était réduit. Crise oblige peut-être !

En France on est à la pointe de la modernité, on a des produits beaux, calibrés, sans trop de goût certes , en Grèce non mais oh ! combien on préfère.

Les trafics de cigarettes (que le gouvernement Tsipras voulait éradiquer) continuent sans problème. Aux abords du marché central, on nous propose des cigarettes plus ou moins cachées dans des sacs en plastique noir.

Tout le monde est au courant dans la ville sauf, apparemment, les polices, nationales et municipales. Ils ne sont quasiment jamais inquiétés.

Des amis ayant des problèmes de vision, ont commandé des lunettes de qualité. Bien que cotisant à la Sécurité Sociale grecque, ils n’ont droit à aucun remboursement ni pour les montures ni pour les verres contrairement à la France. C’est donc, comme beaucoup de produits ayant rapport avec la santé, de leur poche.
La facture présentée est de 900€ mais en cas de versement de la main à la main elle passe à 670€ ce qui équivaut à un rabais de 70€ et la suppression de la TVA (24%). Tout le monde est gagnant !

Le goudronnage d’une rue a été programmé. Il était demandé aux automobilistes de ne pas y stationner le temps des opérations.

Une voiture a résisté cependant, les engins de goudronnage l’ont tout simplement contourné. On voit à la superposition des couches de goudronnage que ce n’est pas la première fois. Une lacune qui restera gravée non pas dans le marbre mais dans le goudron. Imaginez ça en France.

Eh ! Oui, c’est ça la Grèce.